Oskar Loerke est un poète allemand de Berlin (1884-1941) tombé dans l’oubli après la guerre. On peut le caractériser comme un expressionniste urbain qui s’est ensuite ouvert au lyrisme de la nature, s’éloignant du modernisme tout en gardant une dimension disparate qui le protège du conservatisme. Membre de l’Académie Prussienne des Arts, il en est expulsé par les nazis, puis y retournera après avoir signé une allégeance au parti, d’après les témoignages de ses amis : afin de protéger son éditeur juif, le fondateur des éditions Fischer, chez qui il travaille comme lecteur. Il observe le système fasciste avec angoisse et dégoût mais choisit le chemin d’un « exil intérieur » semblant apolitique. Cependant des poèmes critiques du régime seront retrouvés après sa mort « le cœur brisé ». Déjà dans ses textes des années 30 on sent une noirceur qui peut traduire le manque d’espoir de l’époque. Son œuvre principale est constituée de sept livres de poésie, dont le dernier publié en 1936 s’achève ainsi :
« Pars mon septi-livre, accordé
aux ruines et aux éboulis,
commencé dans un monde aimé,
dans un enfer achevé. »
Brièvement réédité en 1963 par Günter Eich puis re-oublié, Loerke est doucement redécouvert après les années 2000 dans une édition de ses poèmes complets. Un ton quelquefois désuet s’avive par des aspects qui étaient passés inaperçus dans la tourmente de l’histoire, comme sa musicalité énergisant la mélancolie, ses images oniriques de « réalisme magique ». Ce qui a fait dire au poète contemporain Lutz Seiler que ses livres recélaient encore quelques trésors cachés.
Bibliographie sélective :
Wanderschaft, 1911
Pans Musik, 1916
Die heimliche Stadt, 1921
Der längste Tag, 1926
Atem der Erde, 1930
Der Silberdistelwald, 1934
Der Wald der Welt, 1936
Sämtliche Gedichte, Wallstein 2010 (réédition des poèmes complets)
Traduction en français :
Un poème d’Oskar Loerke sur le site internet de la revue Po&Sie, à la fin de l’essai « Il est une fragilité qui brave le temps », traduit par Stéphane Michaud
Trois poèmes traduits par Jean-Pierre Lefebvre dans sa superbe Anthologie bilingue de la poésie allemande chez La Pléiade.
Sitographie :
Pour les germanophones : un recueil d’Oskar Loerke Atem der Erde, de 1930, est en accés libre sur internet
Jean-René Lassalle