D’après le roman éponyme de Natacha Appanah
Malgré mes 118 livres lus en 2019, je n’arrive pas à lire tous les romans qui me tentent. Voilà pourquoi il m’arrive de me contenter des adaptations BD… qui sont bien souvent excellentes. Encore une fois, je n’ai pas lu le roman de Natacha Appanah et suis donc allée vers cette adaptation sans a-priori. J’ai aimé tout de suite l’objet livre, sa lourdeur, son odeur de publication neuve mais les dessins de Gaël Henry ont un peu refroidis mon enthousiasme de départ. Il croque effectivement les personnages avec un trait un peu flou qui n’est pas ce que je préfère en matière de dessin. Cependant, prise par l’histoire, l’ambiance, je l’ai assez vite oublié et je dois même dire qu’en refermant les pages de cet album j’ai pensé qu’il collait finalement extrêmement bien au texte et au sujet. Nous sommes à Mayotte. Une nuit d’orage, Marie, infirmière de 33 ans en mal d’enfant, travaille. Une embarcation pleine de comoriens en attente de soins vient de débarquer sur la plage de Bandrakoun et est rapatriée au CHR de Grande Terre. Parmi eux, une jeune fille avec son bébé. Il est atteint d’hétérochronie, c’est à dire que ses deux yeux ne sont pas de la même couleur. Cette étrangeté est considérée comme la marque du Djinn dans la région. La jeune fille s’enfuit donc, laissant le bébé aux bons soins de Marie qui adopte l’enfant et le prénomme Moïse. Tout se passe bien jusqu’à ce que Marie meurt accidentellement et que la violence de Mayotte rattrape cet enfant étrange, élevé comme un blanc, naïf et passionné. Comme je le dis plus haut, je n’ai pas été emballée par le dessin dans les premières pages, mais le charme du récit a très vite fait le reste. Gaël Henry donne simultanément la parole à chaque protagoniste de l’histoire, même le chien, et c’est ce rythme donné, sa manière de faire intervenir les fantômes des êtres récemment décédés, qui m’a séduite. Cet album est une manière intéressante de plonger dans l’histoire et l’univers de ce 101ème département français, rongé par la violence et le chômage, mais au décor de carte postale.
Lu dans le cadre du dernier Masse critique de chez Babélio et de la BD de la semaine. Tous les autres liens sont chez Stephie aujourd’hui !
Une autre lecture chez… Mes échappées livresques
Sarbacane – mars 2019
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…