Quand le Sushi arriva, il sut que quelque chose allait de travers. La Perle le regardait avec crainte, semblant chercher les bons mots. Elle se tortillait sur son siège d’un air gêné. Le Sushi comprit que la Perle lui cachait quelque chose. Il lui demanda avec tact et délicatesse d’accoucher. La Perle se lança.
- Tu sais Sushi, hier, quand tu n’étais pas là…
- Et que je dormais pendant que vous étiez en train de trimer, oui?
- Tu te rappelles le dossier avec l’Orque, là où il y avait eu boulette…
- Là où j’avais fait une boulette, tu peux le dire, j’assume…
- Et bien il y a eu ça et un fax que tu as passé…
- … au service concerné, au lieu de faire la facilité, comme l’Orque le fait habituellement, la dernière fois j’ai passé 3 jours à récupérer le dossier, oui?
- L’Orque s’est énervé.
Jusque là rien d’anormal, sauf si on considère que l’Orque n’est pas des plus délicats et aime assaisonner ses opinions d’adjectifs aussi divers que variés.
Le Sushi respira et demanda:
- Quels furent les qualificatifs?
La Perle sembla hésiter. Un simple regard du Sushi lui fit comprendre qu’elle ne pouvait plus reculer.
- Que quand on était aussi con et qu’on faisait preuve de tant d’incompétence, il ne fallait pas toucher à ses dossiers.
Le Sushi encaissa le coup. Difficilement. Et décida que désormais, il se contenterait de traiter ses dossiers, même si ses collègues étaient absents. Qu’il ne répondrait plus aux questions techniques. Sachant que l’Orque, malgré sa grande sagesse et son expérience, devrait dorénavant se lever pour chercher par ses propres moyens les réponses à ses questions de débutant. Et que les heures supplémentaires passées avec la Perle en l’absence de l’Orque pour que le travail soit fait et bien fait étaient définitivement du passé.
En milieu de matiné, le N+2 du Sushi s’approcha doucement, ignorant tout du drame qui se jouait dans le groupe auparavant relativement uni.
- Sushi, un nouveau collaborateur arrive ce matin, je voudrais que la Perle et toi vous chargiez de sa formation.
Le Sushi acquiesça et regarda avec plaisir l’expression de l’Orque passer de la méchanceté satisfaite à l’incompréhension la plus totale.