Son nom provient du terme "Quabail ", qui signifie "tribu", et qui désigne le nom d’une ancienne et puissante confédération répandue dans une région berbérophone d’Algérie, dont on retrouve les descendants en masse sur le littoral et le grand massif montagneux. Leur nombre atteint les 4 millions, dont 1 million à Bejaia et 1.5 million dans la Wilaya de Tizi Ouzou, ce qui représente 15% de la population algérienne totale. On les retrouve aussi en France, où ils atteignent presque la moitié de l’immigration en provenance d’Algérie.
La culture kabyle est une composante de la culture algérienne. Le Tamazight est la langue officielle de ce groupe ethnique. Dès l’indépendance de ce pays en 1962, la Kabylie devient le milieu le plus favorable à la revendication identitaire berbère qui fait référence à un système de valeur ancestrale (code d’honneur), à travers l’écriture, la poésie, la chanson et l’activisme de ses habitants.
Les Kabyles ont toujours opposé une résistance vigoureuse aux nombreux colonisateurs. Fers de lance contre la domination impériale romaine, byzantine, et arabe, ils résistent à l’importation de l’Islam au 8eme siècle par les Omeyyades. Cet esprit de résistance a perduré jusqu’à la période contemporaine, quand la France prend possession de la région et s’est trouvée confrontée à ce peuple attaché à sa terre. Lalla Fatma N’Soumer symbolise l’histoire de cette résistance.
Après leur immigration en France, les Kabyles organisent la promotion de l’indépendance de la région. Ce mouvement formera des militants devenus indispensables au combat (tel que Missali lhAdj et Amar Imache), Des partis politiques ont vu le jour comme Le FFS (front des forces socialiste) avec son président Ait Ahmed qui milite au côté du FLN (front de libération national), pour une Algérie libre et indépendante.
Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, de grandes tentions apparaissent, le FLN se revendique comme le seul parti du pays face aux contestations des Kabyles.
"L'Algérie "socialiste" n'a reconnu ni leur langue, ni leur culture, ni même vraiment le rôle joué par leurs chefs dans la guerre. Les Kabyles ont été marginalisés dans les hautes sphères du nouveau pouvoir et les présidents qui se sont succédé, Ahmed Ben Bella comme ensuite Houari Boumediene, étaient arabes", déclarait l’anthropologue Tassahdit Yassine.
En avril 1980 une révolte éclate en Kabylie, après le refus des autorités d'autoriser l'écrivain Mouloud Mammeri à donner une conférence sur la poésie berbère du XVIe siècle. Les jeunes sortent dans la rue, une marée humaine revendique la reconnaissance du kabyle comme langue officielle. C’est le printemps berbère, suivi en 1998 par la "la grève du cartable" pour dire non à la loi exigeant l’utilisation de l’arabe dans les divers domaines, mais aussi pour exprimer tristesse et colère à la suite de l’assassinat du chanteur "Matoub Lounes" une des figures emblématiques de l’opposition, tué par le GIA (Groupe Islamiste armée ).
Leur révolte continue lors du printemps noir en 2001, où les Kabyles prennent possession de la rue ; de grandes émeutes et de violentes confrontations frappent la région après l’assassinat de Massinssa Guermah, citoyen kabyle tué par les gendarmes.
Tous ces mouvements ont finalement amené le gouvernement à des concessions, annoncées par le président Abdelaziz Boutafkika, dont la reconnaissance du Tamazight comme langue officielle le 1er janvier 2016.
Dans les années 1970, l’Académie berbère présenta un drapeau créé par Youcef Medkour. Ce n’est qu’en 1998 que le Congrès mondial Amazigh officialise ce drapeau dans les îles Canaries, peuplées autrefois par les Guanches, ancien peuple berbère. La lettre YAZ, 30eme lettre de l’alphabet berbère, s’y inscrit sur trois bandes horizontales de même largeur (bleu, vert et jaune).
La Kabylie ayant boycotté la première élection de Bouteflika en 1999, elle s’est toujours opposée à lui, le rejetant avec force en 2001 quand il a ordonné de tirer à balles réelles sur des manifestants (lors du Printemps noir).
Encore aujourd’hui, les Kabyles sont toujours au premier rang quand il s’agit de revendiquer le départ d’un système corrompu, ou de contester la légitimité des élections du 12 décembre 2019. Cela a pu mener quelques militants en prison, tel que Djamel Belleg, 55 ans, qui a été interpellé pour avoir brandi lors de la marche du 18e vendredi le drapeau amazigh.
La jeune génération kabyle reprendra-t-elle le flambeau pour préserver cette identité tant revendiquée ?
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