Je suis né tout seul.
Parfaitement. Tout seul.
J’étais dans le ventre de ma mère. Je nageais. Je faisais de l’exercice. Des tractions. Des abdominaux. Je prenais des forces. Je me préparais. Jusqu’au jour où, je me souviens très bien, c’était un matin. Je me suis réveillé.
J’ai su que j’étais prêt.
J’ai nagé vers le haut. Je me suis retourné. Roulé en boule, j’ai donné un formidable coup de pied dans la paroi de son ventre. Le plus incroyable coup de pied que la terre ait porté. J’ai traversé le détroit du bassin en une fraction de seconde. Le périnée, je l’ai écarté. À mains nues. J’ai posé mes deux coudes sur son rebord glissant et je me suis propulsé dans ce monde qui n’attendait que moi.
Enfin libre, il ne restait plus que ce cordon qui me reliait à son ventre. Je l’ai porté à ma bouche. Il avait un goût de sang.
Je l’ai coupé avec mes dents