Si les deux premiers épisodes étaient bien en deçà de nos attentes, il est temps de rendre à Apple TV+ ce qui appartient à Apple TV+ et de reconnaître que For All Mankind n'est finalement pas un échec.
Si nous espérions dans notre première critique que For All Mankind traite de l'égalité des femmes et des hommes de manière approfondie et complexe, les scénaristes ont préféré se détourner de cet horizon. La conquête de l'espace par le " sexe faible " n'était qu'un détail et le show favorise une réflexion sur la course à la Lune dans sa globalité : envoyer le premier Américain, puis la première Américaine, avant de trouver de la glace de manière à installer une base lunaire et l'étendre.
L'égalité femmes-hommes est toujours traitée en fond mais la série se concentre sur d'autres enjeux. Elle aborde notamment la question de l'homosexualité dans les années 1970 tout en choisissant de mettre de côté celle du racisme.
For All Mankind tente avec succès d'aller au-delà de la condition humaine sur Terre en visant la Lune. De cette manière, le show dépasse les tenants et aboutissants que l'on attendait au visionnage des trois premiers épisodes. Il n'est pas facile d'être ceux et celles qui partent mais il n'est pas facile non plus d'être ceux et celles qui restent sur la Planète bleue. Tous les protagonistes sont psychologiquement très bien développés et confrontés à leurs limites ainsi qu'à leurs émotions. Nous nous glissons facilement dans la peau de cet astronaute au bord de la folie, après des centaines de jours isolé sur le satellite de la Terre, tout comme nous comprenons la peur de ce mari qui s'imagine le pire scénario à chaque instant. Nous sommes désormais liés à ces personnages attachants qui partagent avec nous leur singulière expérience.
Je suis Thomas Pesquet
Nul besoin d'être Thomas Pesquet pour voyager dans l'espace, il suffit de regarder Ed. et compagnie accomplir des prouesses spatiales d'une rare intensité. Même s'il est indéniable que les éminents scientifiques n'auront pas de mal à critiquer le réalisme de plusieurs choix scénaristiques, nous restons scotchés devant l'écran, bouche ouverte en attendant le dénouement de certaines scènes. Seuls les décors lunaires nous sortent de notre ahurissement pour nous rappeler que nous sommes dans un studio à Hollywood. Dommage.
Dans cette histoire alternative pleine de rebondissements, les années s'enchaînent à un rythme effréné. For All Mankind nous propose 10 épisodes particulièrement denses et ose même plusieurs bonds dans le temps nous laissant en tête à tête avec notre frustration. De quoi nous agacer quand on sait qu' Apple compte reproduire ce procédé dans la saison 2 . C'est en tout cas ce que l'on peut déduire de la scène post-générique de l'épisode final...
On aurait aimé que la série ralentisse un peu et contextualise certains pans de cet univers parallèle. En restant trop en surface de sa propre Histoire, elle ne permet jamais de produire un vrai effet de réel avec notre monde et peine ainsi à nous convaincre pleinement. On ne savait pas dans notre première critique si le show était trop rapide ou trop lent, nous avons tranché pour le trop rapide.
Mais c'est dans la cohabitation avec l'ennemi que For All Mankind retient toute notre attention. En pleine guerre froide, les astronautes se la jouent Seuls sur Mars (mais sur la Lune), à une exception près qu'ils ont pour voisin de cratère les Russes... En choisissant de sous-entendre la présence des cosmonautes de l'URSS, les réalisateurs instaurent une ambiance inquiétante presque étouffante et nous tiennent en haleine aisément. Il ne nous en faut pas plus pour attendre avec impatience la saison 2 déjà commandée par Apple.