Quatre espaces d’exposition en ce moment au Consortium de Dijon, jusqu’au 1er mars 2020. Je ne relate que celui consacré à Jean-Marie Appriou. (Mercredi au dimanche, 14-18h. Jusqu’à 20h le vendredi. )
Le jeune plasticien Jean-Marie Appriou se plaît à revisiter des artisanats vieux comme le monde, celui du bronze, du verre, de la céramique, de la tannerie et même (surtout) de l’aluminium. Il reprend ces savoir-faire traditionnels, mais pas tout à fait avec le même état d’esprit, et pas toujours avec les mêmes procédés (il va jusqu’à l’alchimie). Sort du conventionnel. Ne s’attache pas au même souci de perfection. Tient à laisser la trace du doigt (visibilité du processus de fabrication). Communique d’autres significations à l’oeuvre.
Jean-Marie Appriou s’intéresse à la matière et en fait des expérimentations. Il se dit avant tout sculpteur. Il aime manier les matériaux et les techniques. Et de ce travail naissent des figures fantastiques, humaines, animales ou végétales. Un univers onirique bien particulier, bourré de références culturelles. On s’y perd parfois! Car ce sont des éclairs d’Egypte à peine entrevus, une image de BD ou de film fantastique tel un flash rapide, une ressemblance avec un certain art du XIXème siècle bien romanesque…
Au Consortium, il a choisi de présenter des variations sur le fond marin. (« seabed », titre de l’expo). On nage donc entre Jonas, Ophélie, cachalots, pieuvres, hippocampes, coquillages… Sous forme de bas-reliefs, de gravures et de sculptures, il raconte des histoires, comme des légendes, des fables ou des contes de fées. Et on se laisse prendre par cette étrange balade vertigineuse entre apparence et imaginaire, entre futur et passé, entre enfance et maturité, entre art ancien et inspiration contemporaine. Entre fonte d’aluminium, bronze, eau forte et verre soufflé…
J’ai été frappée par un sujet qui revient dans le travail de Jean-Marie Appriou: appelons ça transformations et métamorphoses, ou états successifs et associations inattendues. Quand il montre le grossissement d’un bras ou d’une jambe vus sous l’eau (effet loupe). Quand ses jeunes cosmonautes semblent se fossiliser. Quand le champ de maïs engendre des êtres humanoïdes. Quand un monstre préhistorique devient instrument de musique. Quand les dinosaures vivent au temps des hommes. Quand la baleine accouche d’un homme. Quand la même scène se répète, mais à l’envers, ou avec un médium différent… S’y perdre!
Ne vous étonnez pas si de grandes tapisseries de Lurçat ouvrent l’expo, c’est une idée… de Frank Gautherot et J.Marie Appriou! L’univers de Lurçat convient à celui du jeunes plasticien exposant!