Les terribles et nombreux incendies qui font rage en Australie montrent que " notre maison brûle ". Une crise écologique majeure. Des milliards d'animaux ont probablement péri dans les flammes.
L'hiver qui vient de commencer est assez doux. Cette après-midi, les terrasses ne désemplissaient pas dans le sud de la France. Un peu de détente, face à un Soleil resplendissant au mois de janvier, c'est très agréable.
Autour de moi, tandis que je lis les nouvelles sur les dramatiques incendies qui font rage en Australie depuis plusieurs semaines, je n'entends pas une seule fois quelqu'un évoquer ce désastre. Normal, me direz-vous, tous ces événements de l'autre côté de la Planète, à plus de 15 000 kilomètres. Nous ne sommes pas concernés directement. Et en plus, la nature s'en remettra. Le feu régénère les forêts et donc celles-ci seront encore plus belles ! Paroles de " climat-quiétistes ", ainsi que les nomme Bruno Latour (ceux qui pensent que tout va s'arranger...). Non seulement, il faudra des décennies aux écosystèmes anéantis par ces feux rageurs pour s'en remettre et que les parcelles touchées sont immenses : plus de 6 millions de km2, deux fois la taille de la Belgique. Et ce n'est pas fini...
En réalité, ce qui se passe en Australie nous concerne tous. Même nous qui sommes très loin de l'île-continent. Cet été redoutable n'est pas sans rappeler celui qu'a connu une partie de l'Europe il y a seulement six mois. Des vagues de chaleur répétées avec des records de températures pulvérisés et la pluie qui se fait attendre depuis de longs mois. De pareils événements météorologiques, l'Australie en a connu plusieurs ces 20 dernières années mais la situation empire. Cette fois, après plusieurs années de sécheresse et des températures élevées, les conditions étaient propices à une multiplication sans précédent des feux de brousses. En 2019, la " saison des incendies " a démarré plus tôt que d'habitude : en septembre, au moment de l'équinoxe, c'est-à-dire au début du printemps austral (c'est comme si la saison des incendies commençait en France, dans les régions au climat méditerranéen, dés mars). Et depuis, comme le montrent les observations de la Nasa, le nombre de feux de brousse a été multiplié par cinq ! Il y a plus de 65 000 feux recensés cette année en Nouvelle-Galles-du-Sud !
La région de la ville touristique de Mallocoota le 24 juillet 2019 (en haut) et le 1er janvier 2020 (en bas). © NASA Earth ObservatoryDes milliards d'animaux morts
Les images satellites nous montrent un peu pays dévasté, écorché, brulé à vif. Ses forêts sont presque toutes touchées. Certaines, qui sont parmi les plus anciennes au monde, sont ravagées pour toujours. C'est un monde en ruine que nous voyons, un monde à la renverse. Les premiers bilans font état de plus de 20 morts, côté humains, et de plus de 480 millions d'animaux pour le seul État de Nouvelles Galles du Sud ! Un désastre pour le monde vivant. Mais le nombre d'animaux morts dans tout le pays à cause de ces incendies et de la sécheresse sévère s'élève probablement, pour l'instant, à plusieurs milliards. C'est une catastrophe écologique sans précédent. Un gigantesque coup d'épée dans la biodiversité de cette région du monde. Nous en sommes en train de perdre des écosystèmes uniques.
Espèce emblématique et malheureusement en voie de disparition, le koala a perdu plus d'un tiers de sa population restante, selon les premières estimations des spécialistes. Mais il n'y a pas qu'eux qui périssent dans les flammes, des centaines de milliers d'autres mammifères auxquels s'ajoutent des milliers et des milliers de reptiles, d'insectes, d'invertébrés, etc. sont morts ou en train de mourrir. Comment peut-on rester indifférent devant ce désastre écologique ?
La cause de ces feux incontrôlables ? Le changement climatique en cours qui installe de longues sécheresses dans plusieurs régions et les écrase de chaleur. Il a fallu quelques éclairs d'orages secs pour répandre l'Enfer. Les feux de brousse dévorent tout sur son passage.
Scènes d'apocalypse en Australie
Scènes apocalyptiques en photos : les habitants obligés de fuir ou de se réfugier sur les plages avec leurs animaux, tout ça sur fond de ciel rouge ou noir. L'air qu'ils respirent, saturé du fumées, est, rappelons-le, rempli de toutes les plantes et animaux partis en fumée. L'Australie se décharne. Le désert grandi. Les montagnes sont pelées... Vu de l'espace, l'île est couverte de brûlures. Le vivant part en fumée.
Est-ce que ce qu'une catastrophe naturelle de cette ampleur peut se produire chez nous ? On peut penser que oui. Et de plus en plus fréquemment. Surtout si nous ne faisons rien. (Des incendies ont touché ces dernières années des régions que l'on pensait en être préservées comme le Groenland ou la Suède. Des feux gigantesques ont fait rage au Portugal, en Espagne, en Grèce sans oublier la Californie, très touchée.) N'oublions pas que le dérèglement climatique est déjà en marche. Et ces drames (incendies, sécheresses, inondations, tempêtes, etc.) observés un peu partout sur Terre ne résultent pour l'instant que d'un seul degré de réchauffement depuis la Révolution industrielle. Les scientifiques nous mettent en garde : si nous ne prenons pas rapidement des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables de cette mutation, nous aurons au mieux un réchauffement global de +2°C et au pire, de +5 ou +6°C. Et déjà, avec +2°C, les risques de déstabilisation de nos sociétés et de tout le monde vivant sont élevés.
Ce monde unique que nous habitons, bien situé par rapport à son étoile, le Soleil (ni trop loin, ni trop près) et où la vie s'est développée partout, est en train de prendre feu. Ne pas prendre conscience du danger de cet incendie que nous avons allumé est irresponsable.
Copyright secured by Digiprove © 2020 Xavier Demeersman