La nouvelle commence à apparaître dans nos journaux français. Forcément, comme on parle de soldats et de kalashnikov, c'est plus croustillant... Mais bien trop réducteur.
Le 7 juillet dernier, l'UNESCO, en dépit des désaccords subsistant entre la Thaïlande et le Cambodge, a accordé à ce dernier le classement au patrimoine mondial du temple de Preah Vihear.
J'en avais déjà parlé en juin dernier ici
Depuis, les remous ont été nombreux. Le ministre des affaires étrangères, M. Noppadon, a été forcé à la démission après l'accord de conciliation qu'il avait trouvé avec le Cambodge sur ce sujet ait été déclaré illégal: il n'a pas le droit de décider seul de modifications sur les limites du territoire national.
Ensuite, trois activistes ont franchi la frontière pour aller déployer le drapeau Thaï sur le temple, se sont fait arrêter puis relâcher, non sans augmenter fortement la tension entre les deux pays qui ont alors renforcé leur présence militaire dans la zone.
Pourtant, les deux gouvernements semblent près à discuter. Les deux premiers ministres Hun Sen et Samak se sont parlés et ont convenu d'une réunion lundi.
Mais dans les deux pays, le côté international de cette affaire est largement dépassé par les enjeux locaux. Au Cambodge, les élections approchent et en Thaïlande, le gouvernement est dans la tempête.
Procès pour corruption, fraudes éléctorales et fraudes fiscales s'accumulent. Le parti au pouvoir est menacé de dissolution... et cherche à modifier la loi sur les partis afin de l'éviter (joli cynisme). Alors ces gesticulations de frontières, qui ne me semblent vraiment pas représentatives du sentiment des Thaïlandais sur cette affaire, en arrangent beaucoup.
Le gouvernement, d'un côté, qui cherche à montrer ses biceps et à focaliser la presse sur autre chose que les nombreux procès en cours. Et l'opposition, qui voit dans cette crise l'occasion de fragiliser le gouvernement et cherche à tout prix à souffler sur les braises.
Mes amis et collègues Thaï ne tiennent pas de discussions passionnées sur ce sujet. Quand ils l'évoquent, c'est pour déplorer qu'on en soit arrivés là et éventuellement se plaindre des français pour les avoir filoutés à l'époque. (c.f. post) . Dans Bangkok, je ne vois pas de banderoles réclamant la restitution du temple, pas de manisfestations ni de t-shirts. Si vous voulez en voir, il faut aller devant le siège de l'ONU, là où les manifestants du parti de l'opposition se sont déplacés après avoir bloqué le Palais du gouvernement.
Mais ça, ce n'est pas vraiment ce qu'en disent les journaux français que j'ai pu lire. La robe des juges c'est moins sexy que le treillis.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 26 octobre à 03:26
Je découvre (un peu tard il est vrai) votre article, çà fait du bien de lire quelqu'un qui ne soit pas "va-t-en-guerre" !
Carabao