La réalisation est brillante, les décors somptueux, les paysages colorés, le casting éblouissant, c'est rempli de beaux et grands sentiments et la note féministe est bien dans l'air du temps. Apparemment un sans faute.
Alors pourquoi 2 grenouilles seulement? Parce que tout est trop beau et vraiment démonstratif ; tout le contexte psychologique est explicité dans de longs apartés (alors que parfois l'ellipse pourrait être toute aussi éloquente). La souffrance liée sinon à la pauvreté de ces jeunes filles tout au moinsà l'absence d'un niveau de vie conforme à leur position sociale, les blessures physiques et morales causées par la Guerre de Sécession sont occultées ou minimisées (le séjour du père à l’hôpital). Comment Marmie (la mère) peut-elle être si belle si élégante et la réticence du grand père de Laurie à fréquenter cette famille disparaître si rapidement? Quant à la dernière partie elle est si longue et si conventionnelle que l'on en oublie le charme et l'éblouissement visuel du début, et la prestation empesée de Louis Garrel n'aide pas à faire passer le temps ! J'avais préféré pour le rôle du professeur Fridriech Baher, l'interprétation du formidable Gabriel Byrne dans la version de 1994 où le réalisateur Gillian Armstrong avait choisi une narration linéaire. Ici les nombreux flash back rendent possible mais moins percutante le choix d'une interprète unique pour la jeune sœur Amy . Thimothée Calamet est lui plus crédible en jeune Teddy qu'en Laurie jeune homme désabusé et ne nous fait pas oublier le charme de Christan Bale dans ce rôle.
En revanche, l'interprétation de Jo (Saoirse Ronan) et celle de Meg (Emma Watson) sont percutantes. La participation de Meryl Streep dans le rôle de la vieille tante acariâtre et égoïste ne pouvait qu'incliner le scénariste à lui conférer un statut plus noble, accentuant encore l'effet global sage et bienveillant. Ce film peut se comparer à une merveilleuse pâtisserie; la première part est délicieuse, on se ressert et l'on regrette un peu de n'être pas resté sur la gourmandise du début.