Le nôtre, le leur… Comment nos partenaires de jeu ressentent-ils le plus intime de nos émois ? Pour le savoir, nous avons réuni six spécimens de tous âges et lâché le “grand” mot. Surprises garanties.
Ils étaient donc six, ce matin-là, réunis au grand jour, dans un coin reculé d’un café parisien, entre une journaliste et un sexologue, pour plancher sur le plus intime des sujets. Des hommes de 25 à 55 ans, les uns mariés, les autres plus, ou pas encore, venant d’horizons professionnels variés. Seuls points communs : une gourmandise non feinte pour les choses de l’amour, une curiosité passionnée pour les femmes. Et une bonne dose de courage et de sincérité.
Résultat : une conversation passionnante et drôle et des confessions somme toute rassurantes sur l’avenir de nos émois.
Ils se sont mis à table…
Alex, 25 ans, célibataire, musicien.
Marc, 38 ans, marié, deux enfants, ostéopathe.
Sébastien, 34 ans, marié, un enfant, commercial.
Hervé, 54 ans, divorcé, un enfant, journaliste sportif.
Gilles, 42 ans, en cours de divorce, un enfant, juge.
Julien, 48 ans, divorcé, deux enfants, architecte.
Philippe Brenot, sexologue.
Quand vous entendez le mot “orgasme”, à quoi pensez-vous ?
Alex : Plaisir de l’autre. Abnégation masculine… (Rires)
Julien : Le mur du son.
Sébastien : Supercherie. (Rires)
Hervé : Un mythe pénalisant. L’essentiel, pour moi, c’est le plaisir. L’orgasme, on l’atteint parfois, mais ce n’est pas une obligation. On peut avoir un moment intense de plaisir sans orgasme. ça ne m’inquiète pas plus que ça chez les femmes, car je sais que, moi non plus, je ne l’atteins pas toujours.
Philippe Brenot : C’est surprenant. Vous dissociez donc orgasme et éjaculation ?
Hervé : Evidemment.
Julien : Moi aussi.
Alex : Bien sûr. Quand le mental et l’imaginaire ne suivent pas, il y a des éjaculations tristes. Quand c’est mécanique, ce n’est pas un orgasme. Inversement d’ailleurs, il arrive que l’on ne puisse plus éjaculer (parce qu’on l’a déjà fait ou qu’on a passé un cap) et que l’on atteigne des sommets de plaisir.
Marc : De toute façon, c’est tellement fugace, la sensation de l’éjaculation… Et ensuite tout s’effondre. Ce n’est pas ça le plus intéressant.
Sébastien : Moi, je peux m’en passer. Je préfère voir ma partenaire jouir, une fois, deux fois, ou trois. Ça, ça m’éclate !
L’orgasme de votre partenaire, vous le vivez comme un cadeau ouune pression, une obligation ?
Sébastien : Un vrai cadeau ! Mais les magazines féminins nous ont mis une pression énorme ces dernières années. En plus, la vogue des sex toys, pour nous, c’est un véritable malheur ! (Rires) Il paraît que l’on peut même trouver un vibro à télécommande…
Hervé : Moi, j’avoue que ça m’amuse plutôt d’être traité en sex toy. Mais après, pas de petit déj ! (Rires)
Julien : Cela fait plus de vingt ans que la femme est maîtresse à bord : son plaisir passe avant le nôtre. Certaines mettent carrément cartes sur table. Avec ma dernière nana, c’était comme ça : elle d’abord. Moi, j’adore, mais il y a des hommes que ça peut bloquer…
À quoi reconnaissez-vous l’orgasme de votre partenaire ?
(Eclats de rire) Sébastien : ça, ce n’est pas toujours facile. Il y a des artistes de la simulation… Avec ma femme, je reconnais très bien : elle a les fesses qui tremblent, l’anus qui se resserre, elle se met à vibrer, elle a la chair de poule…
Gilles : Pour moi, il y a deux types d’orgasme. La cavalcade, avec les contorsions, les hurlements… ça a perdu tout intérêt depuis qu’on entend les mêmes cris sur les courts de Roland-Garros… Et puis le vrai, silencieux, immobile. Comme dans un film de guerre, le silence au milieu des bombes. Vous voyez la scène du « Soldat Ryan » ? Quand le son est tellement saturé que tout s’arrête. Tout disjoncte, même le cœur ne bat plus. On sent juste la contraction totale, en apnée. C’est magnifique. Le cri est vulgaire, il peut être simulé. Pas le silence absolu.
Julien : Et le regard qu’elle a à ce moment-là… L’expression du visage.
C’est peut-être le seul indice qui ne trompe pas. Sinon, nous, les hommes, n’avons pas prise là-dessus.
Hervé : Et alors ? Moi, ça ne me choque pas la simulation. Sauf si elle m’en fait des kilos, là, ça m’énerve. Mais c’est par gentillesse qu’une femme simule…
Alex : Oui, pour ne pas vexer l’autre. Moi aussi, ça m’arrive.
Un homme peut donc simuler ?
Alex : Bien sûr, oui.
Pas l’érection, malheureusement, ni l’éjaculation, mais tout ce qui va avec. Il m’est déjà arrivé d’en rajouter pour ne pas blesser une partenaire. Je crois même qu’il y a toujours des temps de simulation quand on fait l’amour. C’est comme les paroles pour meubler les silences d’une conversation. Dans les moments faibles, on fait un peu son cinéma. C’est aussi une façon de relancer l’excitation.