Presque tous les patients souffrent d’incontinence urinaire immédiatement après une prostatectomie, mais ce pourcentage tombe à environ 5 à 20% dans les 2 années qui suivent la chirurgie. Les patients qui ne bénéficient d’aucune amélioration dans les 2 à 6 mois de la chirurgie, suivent, en général, un programme standard de renforcement des muscles du plancher pelvien. Cette étude de l’Université du Texas plaide néanmoins pour une kinésithérapie individualisée, après une chirurgie de la prostate : en effet, selon ces résultats présentés dans l’International Urology and Nephrology, tous les patients ne souffriraient pas de faiblesse musculaire, après l’intervention.
Depuis des décennies, la thérapie de renforcement muscles pelviens est le traitement standard pour les hommes souffrant d'incontinence urinaire après une prostatectomie. Cette étude du Service d'urologie et de médecine physique de l’UT Southwestern suggère que l’approche « standard » n'est donc pas toujours la meilleure et peut même être contreproductive pour certains patients.
Prendre en charge l’hyperactivité musculaire comme la faiblesse musculaire
Les chercheurs ont examiné les dossiers de 136 patients post-prostatectomie, souffrant d'incontinence urinaire d'effort- c'est-à-dire d’une perte de contrôle de la vessie en cas d’éternuements ou de mouvements brusques. Ces participants ont suivi une « thérapie physique » entre 2009 et 2014. Les chercheurs constatent que la plupart d’entre eux présentent une «hyperactivité» musculaire ou contraction musculaire ou spasmes et pas seulement une faiblesse musculaire. Précisément, sur les 136 participants sous thérapie :
- 25 seulement souffraient de faiblesse du plancher pelvien,
- 13 avaient des muscles hyperactifs ou tendus,
- 98 combinaient une faiblesse et une hyperactivité des muscles du plancher pelvien.
L’auteur principal, le Dr Kelly M. Scott, MD, professeur agrégé au Département de médecine physique explique que le recours à l'exercice dans le but de renforcer un muscle trop tendu peut être contre-productif et rendre le muscle plus hyperactif au lieu de le renforcer.
Un protocole de prise en charge post-prostatectomie à personnaliser : La découverte est surprenante, et mérite confirmation par de plus larges études mais elle pourrait inciter à revoir totalement le protocole de prise en charge de l’incontinence d’effort post-prostatectomie. La tension des muscles est en effet un mécanisme de protection connu, après une blessure chirurgicale. Et ces résultats cohérents avec ce mécanisme bien documenté, contrastent avec l'idée qui prévaut aujourd’hui d'une faiblesse des muscles du plancher pelvien.
Le traitement standard s'est toujours concentré sur le renforcement des muscles, notamment par la pratique des exercices de Kegel qui impliquent des répétitions de contraction, puis de relâchement des muscles. Ce n’est que très récemment que les médecins et les thérapeutes ont commencé à évaluer ces patients pour valider ce protocole de renforcement. C’est ainsi la première étude à examiner précisément le type de dysfonctionnement musculaire présent chez les hommes après prostatectomie. Cette étude conclut que certains patients auraient tout bénéfice à suivre une thérapie de « détente » ou « relaxation » -plutôt que renforcement- des muscles pelviens. Ici, chez les patients aux muscles hyperactifs, une thérapie de relaxation permet :
- dans 87% des cas, de réduire l'incontinence- mesurée par l'usage et le besoin de protections ;
- de réduire les niveaux de douleur-chez plus de la moitié des patients.
«Il s'agit de la première étude à montrer une réduction des niveaux de douleur post-prostatectomie après une telle thérapie de relaxation musculaire ».
Source: International Urology and Nephrology 05 December 2019 Individualized pelvic physical therapy for the treatment of post-prostatectomy stress urinary incontinence and pelvic pain
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Équipe de rédaction Santélog Jan 2, 2020Rédaction Santé log