Les années se suivent et se ressemblent. Si, à la fin de 2018, son changement de président exécutif pouvait induire des inquiétudes sur la continuité de sa stratégie, BBVA a certainement levé le doute en 2019, en redoublant d'initiatives audacieuses, qui la placent résolument en tête des institutions financières prêtes pour l'ère « digitale ».
Cédant aux coutumes du 31 décembre, avant de me livrer au traditionnel bilan des 365 jours écoulés sur ce blog, j'ai voulu vérifier quel était le billet – sur les 362 que j'ai publiés – qui avait recueilli le plus de lectures. Avec une avance confortable, c'est celui consacré à l'intégration, au Mexique, des services bancaires de BBVA dans l'application Uber qui emporte la palme. Et, avec le recul, il faut bien admettre qu'il s'agit de l'événement le plus porteur d'ambition de tous ceux que j'ai eu l'occasion de traiter cette année.
Tandis que la plupart des établissements européens sont toujours empêtrés dans l'implémentation des exigences d'ouverture de la DSP2 (autre sujet qui a connu un immense succès en 2019), dont ils ne comprennent visiblement toujours pas les enjeux et les opportunités, le groupe espagnol a pris les devants en élaborant une véritable stratégie à partir des principes de l'« open banking » et de la banque plate-forme. Face à ceux qui freinent des quatre fers devant le progrès inéluctable, BBVA accélère…
Sa vision est claire et elle trouve maintenant une première concrétisation : si le modèle opérationnel historique du secteur n'est pas appelé à disparaître du jour au lendemain, une nouvelle approche est en train d'émerger, qui fait des services financiers une composante invisible des parcours de vie du quotidien, d'abord pour les conducteurs Uber et les livreurs Uber Eats, mais bientôt pour tous les consommateurs et toutes les entreprises. À terme, la banque s'effacera derrière l'expérience qu'elle facilite.
Au cœur d'une industrie désespérément tournée vers le passé, pour laquelle la transformation « digitale » consiste tout au plus à adopter des outils web et mobiles en changeant le moins possible les processus en place, BBVA est un des rares acteurs qui y voient au contraire une manière de redéfinir ses métiers, de réinventer ses modèles économiques, de s'adapter aux évolutions du monde. La (vieille) prédiction, par son ancien président Francisco González, de la disparition de la moitié des banques de la planète est plus que jamais d'actualité et les leaders de demain creusent l'écart.
Je vous souhaite une très belle année 2020 !