Initialement, je souhaitais ouvrir ce compte d'entreprise chez Qonto… mais ce n'était hélas techniquement pas possible. Alors, je me suis tourné vers le Crédit Agricole. Vous savez, la banque qui se prétend à la fois 100% humaine et 100% digitale ? Ce slogan est tellement éloigné de la réalité qu'il faut la « pratiquer » pour le croire…
Je ne peux pas dire que je en étais vraiment étonné, mais les premiers contacts avec l'établissement ont été un choc, comme si j'étais projeté 40 ans en arrière. Pas de choix à ce stade, l'entrée en relation se fait obligatoirement en face à face. Plus exactement, 3 rendez-vous, qui m'ont fait perdre plus de 6 heures (la proximité est parfois relative) et m'ont conduit à parapher et signer 120 pages de documents, imprimés en double exemplaire (soit l'équivalent d'environ 0,7 kg de CO2 pour la seule matière première).
Un tel désagrément n'est pas un accident ni une contrainte voulue pour instaurer un contact étroit entre le client et sa nouvelle banque. La culture du papier reste présente après cette mise en bouche. Par exemple, pour ajouter un mandat de prélèvement SEPA, il faut non seulement transmettre le document fourni par le créancier mais également remplir le formulaire spécifique du Crédit Agricole, qui reprend exactement les mêmes informations. Une chance qu'il soit permis de l'envoyer par messagerie !
Oublions un instant ces détails fâcheux et passons à l'application mobile. Ce devrait logiquement être le B.A. BA de la banque « digitale », n'est-ce-pas ? Et bien pas du tout. Ne nous attardons pas sur les messages (multiples) qui encombrent l'écran à chaque ouverture sans aucun moyen de signaler qu'on les a bien pris en compte et explorons les fonctions disponibles : suivi des soldes et des transactions des différents comptes, gestion des virements, messagerie privée et une poignée d'options accessoires. C'est tout !
Il est donc hors de question d'espérer gérer toutes les problématiques d'argent de son entreprise depuis son téléphone. Il n'est pas prévu d'accéder à la moindre information sur le catalogue de produits, et encore moins de souscrire. Il n'est même pas envisageable de consulter les relevés d'opérations mensuels… On se sent presque extra-terrestre à rechercher ces services dans l'interface. Et si vous croyez que la sobriété est propice à la facilité d'utilisation, détrompez-vous ! Il faut 4 clics pour atteindre la dernière missive envoyée par votre conseiller (en passant par un message de service indélébile).
Le pire est encore à venir… quand il faut se rendre à la triste évidence : la banque ne prête guère attention à son logiciel mobile. Depuis mon ouverture de compte, il y a plus d'un mois et demi, il m'est ainsi impossible d'ajouter un bénéficiaire de virement ni d'activer le dispositif « Securipass » (authentification à deux facteurs via l'application). Aux dernières nouvelles (la semaine dernière), le service informatique aurait confirmé ces dysfonctionnements, que personne ne ressent la moindre urgence à corriger.
Si le Crédit Agricole n'était pas une des plus importantes institutions financières de France (voire d'Europe ?), la situation serait comique. En l'état, il faut sérieusement se demander si les responsables de sa devise croient véritablement à sa revendication « 100% digitale ». Dans l'affirmative, leur aveuglement est terrifiant. Sinon, leur message est pitoyable. Dans tous les cas, il y a de quoi être pessimiste pour son avenir. Et je ne suis pas certain que ses consœurs soient dans une position beaucoup plus favorable…