Hier, en allant chercher mon vélo au sous-sol, je sens une forte odeur de brûlé. On a déjà eu des squatteurs, alors je fais un petit tour d'inspection pour voir si un feu de camp n'aurait pas été improvisé... rien. Et puis j'entends un bruit que je reconnais... comme celui d'un poste à souder.
En fait, ce sont les jardiniers qui désherbaient. Ils ont troqué la binette pour des chalumeaux. Aujourd'hui, les professionnels de la verdure désherbent au lance-flammes.
Les normes environnementales ont progressé depuis les années 70. Maintenant, plus de pesticides dans les espaces verts de l'immeuble ! C'est la loi. On n'a plus le droit d'en utiliser depuis 2017.
J'imagine qu'il s'agit d'un progrès. Je ne suis peut-être pas fort en chimie, mais je doute que cramer les herbes folles soit vraiment un bienfait pour les générations à venir. Pas certain non plus que le bilan carbone soit vraiment meilleur qu'avec les pesticides. L'un et l'autre sont finalement 2 façons distinctes d'utiliser du pétrole pour « nettoyer » les allées et le parking.
Pareil pour les feuilles mortes : plus de balayeurs, le métier est trop pénible ! On utilise des souffleurs à essence. C'est comme un canon de CRS, mais avec un moteur de tondeuse. Ça fait du bordel tout le temps (les opérateurs ont un casque sur les oreilles), et ça souffle très fort. Le jeu consiste donc à pousser les feuilles en un unique tas. Mais généralement, il faut passer 2 fois : une fois pour sécher les feuilles, une autre pour les décoller du sol. Ça prend peut-être un peu moins de temps qu'avec des balais, mais pas tant que ça. Avec 2 « jardiniers », il faut quand même une demi-journée pour faire tout le parking.
J'ai même vu une fois un tracteur avec soufflerie géante intégrée venir dans une cour d'école pour souffler les feuilles de la cour de récré. Rien que le déplacement du tracteur, ça devait prendre plus de temps qu'un coup de balai...
Et puis j'espère que les ouvriers ne trinquent pas trop, avec ça sur le dos tout la journée... parce que la planète, elle trinque. À nous faire regretter d'avoir laissé des arbres.
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(1) En fait, ces sortes de chalumeaux ressemblent étrangement à des lance-flammes. On appelle ça pudiquement du « désherbage thermique ».