Atlas des fortunes de mer

de Cyril Hofstein
Documentaire - 130 pages
Editions Arthaud - octobre 2019
Depuis la nuit des temps, les océans sont le lieu de drames humains, de hasards chanceux, de disparitions inexpliquées, de naufrages souvent ou peu relatés. Comme son titre ne l'indique pas, il ne s'agit pas de trésors enfouis, de cartes aux trésors, ni de destins fortunés. Classés par grandes zones maritimes, des côtes du Ponant à l'océan indien en passant par les Caraïbes et la Baltique, ce sont trente-et-un récits de sorts particulièrement épiques réservés à certains bateaux, navires, marins…
Dans un album broché, aux pages fines et glacées, riche de nombreuses planches bleutées représentant des cartes maritimes où sont échouées les épaves.J'ai lu le livre rapidement, trop vite peut-être. Certains récits m'ont bien évidemment davantage intéressée que d'autres, et pour ceux-là, j'ai regretté de n'avoir pas eu un récit plus long, plus étoffé, afin de ressentir davantage le souffle romanesque de ces tragédies, d'en savourer les rudesses, les embruns, les rafales et les chances. Extrait :"Dans les eaux troubles de la baie de Matagorda, sur la côte actuelle du Texas, La Belle, le dernier navire de Robert Cavelier, sieur de La Salle, est au mouillage. Son expédition, soutenue par Louis XIV pour fonder une grande colonie française au Nord de l'embouchure du Mississippi et lutter contre les Espagnols, est un désastre, et ses hommes n'en peuvent plus. A bord, il fait si chaud que le goudron du gréement coule sur le pont goutte à goutte, noirâtre et pâteux. L'air est lourd, chargé d'une écœurante de vase. Avant-hier, les Indiens karankawa qui ne cessent de harceler les Français, ont tué six marins, dont le maître Richaud. La mort dans l'âme Tessier, le pilote, a accepté de le remplacer, mais il donnerait n'importe quoi pour échapper à cet enfer."
Parmi les naufragés, il y a Albert Londres et son dernier voyage pour un reportage sensible en Chine. Il mourra suite à l'incendie à bord du Georges Philippar. Il y a, à l'inverse, le chanceux Belém qui a échappé à tant d'infortunes. Il y a des caractères trop fiers, belliqueux, tel celui du maréchal d'Estrées, qui emmènent tout droit leur flotte à se fracasser sur des brisants. Il y a des trésors égyptiens qui ont englouti des bateaux curieux, et le sarcophage de Mykérinos avec. Il y a des batailles navales, bien avant la Guerre Froide, entre Confédérés et l'USS Kearsarge, et d'autres bien après, comme en 2000 avec la confiscation du Sedov russe pour litige financier entre la Russie et une société suisse.Il y a de ces bateaux morts échoués avant de n'avoir jamais pu navigué, et d'autres bâtiments qui ont permis d'e rassasier des soifs d'aventuriers, de corsaires, d'artistes, de marins marchands ou de journalistes. Au final, cet atlas dresse un aperçu de la multitude et de la richesse de l'histoire des mers et de ses navigateurs, à travers un texte très agréable à lire, et ne fait qu'ouvrir l'appétit sur les passionnants récits des gens de mer. Et les cartes ajoutent davantage une touche poétique qu'un élément de compréhension des récits.
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