Hausse des démissions chez les professeurs stagiaires
Publié le 26 décembre 2019 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Margaux, 24 ans, a toujours voulu enseigner. Elle passe le CRPE en 2016 qu’elle obtient du premier coup. Son année de stage se déroule bien et elle décroche sa titularisation en 2017. Pourtant, alors qu’elle pensait avoir fait le plus dur, elle a dû faire face à des difficultés qu’elle n’avait pas anticipées, au point de songer à démissionner. "J’ai été affectée en tant que remplaçante dans une école à 70km de chez moi. Je faisais 2 à 3 heures de route par jour, sans compter les frais que cela engendrait" nous confie-t-elle. "Le regard des gens aussi est difficile à supporter. Ils pensent que nous sommes des fainéants qui passent leur temps à être en vacances et qui finissent leur journée à 16h30. Alors que la réalité est tout autre. Ils ne se rendent pas compte de tout le travail qu’il y a derrière. J’ai presque honte parfois de dire que je suis prof, alors que j’adore mon métier" nous avoue-t-elle. "En septembre dernier, j’ai été mutée dans un IME (ndlr : Institut Médico-éducatif accueillant des enfants atteints de troubles neuro-psychiatriques) à 50km de chez moi. Ce sont des enfants à besoins particuliers. Ça a été une énorme source d’angoisse car je n’ai aucune formation pour ça. J’ai pu faire un recours pour être affectée dans un autre établissement mais beaucoup de mes collègues n’ont pas eu cette chance" raconte-t-elle.
C’est ainsi que Léa, 24 ans, nous décrit son année de stage. "Il faut être sur tous les fronts. On est responsable d’une classe à mi-temps, il faut apprendre à gérer les relations avec les parents d’élèves, le binôme, les tuteurs et le rectorat. Ces derniers ne sont pas toujours bienveillants et j’ai ressenti un vrai manque de considération et d’empathie. Parallèlement, il faut valider le master, ce qui implique (entre autres) la rédaction d’un mémoire. C’est une année durant laquelle on se sent très seul" Explique-t-elle. "On attend de nous que l’on soit performants dès le début, ce qui est normal. Il ne s’agit pas de mettre en péril l’année d’une trentaine d’élèves. Il faut vraiment avoir un mental et une volonté d’acier pour tenir le coup. Je ne m’attendais pas à cela en m’engageant dans cette voie" confie-t-elle. "Démissionner n’a pas non plus été un choix aisé. J’ai dû remettre en question mon avenir professionnel, renoncer à cinq ans d’études et à ce concours pour lequel j’avais tant travaillé. Je pense qu’il en valait de ma santé mentale. Avec le recul, c’est sans regret" annonce-t-elle.
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