Guillermo Mordillo (1932-2019)

Publié le 26 décembre 2019 par Hunterjones
"L'humour c'est la peur attendrie" disait-il.
C'est un mur de l'enfance d'un paquet de gens de ma génération qui est tombée fin juin dernier.
Sur la porte de ma chambre, quand j'étais petit, se trouvait cette affiche que j'avais presque oubliée avant aujourd'hui (Ça m'a ému).
Le 29 juin dernier m'a aussi échappé.
Guillermo Mordillo est né à Villa Pueyrredon, Buenos Aires en Argentine où il a passé son enfance élevé par ses parents espagnols. Très tôt il développe un intérêt pour le dessin. À 16 ans, il est l'illusrateur officiel du journal de l'école de journalisme qu'il fréquente en Argentine. Deux ans plus tard il fait partie d'une équipe d'animation, la Burone Brich Study Animation Team tout en illustrant des livres pour enfants, des contes de Perreault, Schmid, Les Musiciens de Brême, Les Trois Petits Cochons.
Il fonde en partenariat avec des amis pour ses 20 ans les Galas Studies dédié à l'animation sur pellicule. Il est nettement en avance sur son époque. Il continue de travailler comme illustrateur dans des journaux locaux et dans les publicités de magazine. Il quitte d'ailleurs en 1955 pour Lima au Pérou où il travaille comme designer publicitaire chez McCann Erikson. En 1958, il illustre les Fables de Aesop, gros succès de Librairie au Pérou.
Après avoir désigné le concept d'une carte Hallmark destiné à Kansas City, il quitte pour les États-Unis où il s'installe à New York en 1960. On le fera travailler sur le film Popeye où il sera responsable de l'animation des personnages de Popeye et de Little Lulu. On le fera aussi developper deux personnages pour le film Trick For Tree.
En 1963, il sent l'appel du large à nouveau. Comme ses dessins le démontreront toujours, le besoin d'évasion est perpétuel chez Mordillo. C'est à Paris qu'il collaborera au magazine Le Pelerin et pour Paris Match. En 1968, il collabore régulièrment au magazine Allemand Stern et dans plusieurs autres magazines d'à travers le monde. Il est pigiste avant l'heure.
C'est à Paris qu'il rencontrera celle qu'il épousera en 1969. Il aura un garçon en 1970 (L'âge de mon amoureuse) et une fille en 1972(mon âge).
Les années 70 le rendent riche alors qu'il réalise des centaines d'affiches qui se vendront partout à travers le monde en plus de dessiner des petits intermède pour la télé.

En 1980, la famille déménage à Mallorca en Espagne (sa femme est d'origine espagnole aussi) où il est nommé Président de l'Association Internationale des Auteurs de Dessins Comiques dont la maison-mère est pour sa part à Genève, en Suisse. Il passera 18 ans en Espagne où il ne cessera jamais de créer des affiches, des pubs, des illustrations tout en participant à des ateliers. Il retournera en France où il developpe un intérêt pour les dessins à l'encre et les expériences à l'acrylique, au crayon pastel, et au crayon de bois. Il explore aussi les reproductions de photos en haute définition sur informatique.
Depuis quelques années il vendait sur internet des dessins originaux signés de l'auteur.
Mordillo dessinait de façon récurrente un personnage muet, assez isolé dans de grands espaces urbains ou naturels très fouillés qui se rapprochait dans son esprit de l'illustrateur français Sempé. Son style était très arrondi, à la fois absurde (à la Franquin)et poétique. Y étaient souvent représentés de grandes tours, des châteaux, des bâteaux, des moyens de transports, des îles, des terrains de sport, des amoureux des montagnes en cloche ou des jungles tropicales profondes.
De l'évasion.
Vivant à Monaco, il s'est éteint sagement le 29 juin dernier.
Comme on fermait la lumière avant de se coucher.
Une nouvelle affiche de Mordillo a trouvé sa place sur le mur de notre porte de chambre. Sans qu'on ne s'en rende trop compte.
À l'image du super-homme de maison que je suis.
Tu as été une large partie de mon enfance, Mordillo.
Graçias por acunarme, amigo mio.