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NADAL
Le semeur a quitté les rives amères de l’automne
et veille sur sa terre à travers le soupirail de Noël.
Minuit sonne dans la toison des granges
et la neige d’émeraude ruisselle
sur les chairs dures du pays d’Oc.
La nuit des mages rougeoie au cœur du foyer
où des enfances diaprées sillonnent le ciel.
L’œil des bêtes, langées de paille,
se ferme sur la nuit dansante d’oiseaux de neige.
Cependant, des hommes lointains s’enlacent
dans les floraisons de sang et d’acier.
L’aigle du massacre
trône sur les lambeaux de poupées.
Et la lune gît sur la mer chargée d’épaves.
Mais, sous la glèbe durcie, repose l’épi.
Et le soleil qui s’extirpe des entrailles de boue
grimpera vers les moissons de joie.
Le semeur rêve à l’ascension d’azur
qui soulèvera le blé vers les cimes de rébellion et d’amour.
L’âtre paré de braises arbore les gemmes de l’Apocalypse.
Poème de Sylvain Fabre-Coursac paru dans le n°2 de la revue Contrelittérature (Illustration : Alexander Calder, "Soleil noir", gouache sur papier, 1953.)