Lorsque nous apprenons qu’un bateau demande à accoster à un port de la Méditerranée, une île, Lampedusa ou Malte, par exemple, que savons-nous des passagers ? On les regroupe dans un mot : les migrants. Mais ce sont des gens que rien n’avait sans doute destinés à faire cette traversée ensemble. Louis-Philippe Dalembert nous présente trois femmes, Chochana, Semhar et Dima, une Nigériane, une Érythréenne et une Syrienne, montées dans ce bateau après des mois d’une attente épuisante, d’un espoir tenace, de mauvais traitements aussi. Des passeurs les ont obligées à payer toujours, toujours, toujours. Chacune a quitté son pays, souvent avec des amis, un frère, perdus en route, les hommes étant séparés des femmes, les femmes étant souvent des proies sexuelles, et parfois les hommes aussi. Avant d’embarquer déjà, il faut une forte dose de volonté pour aller au bout de la décision prise à cause de la guerre, des violences, de la misère. Il faut y croire, croire en Dieu, Allah ou en Celui qu’on ne nomme pas. Espérer que l’Europe vous accueillera. Quelle force il faut pour arriver jusque là ! Quelles épreuves il faut franchir ! Pour être quelqu’un et pas seulement une migrante : Dima, Semhar ou Chochana.