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Toutes ces idées qui nous gâchent la vie, de Sylvie Brunel

Publié le 23 décembre 2019 par Francisrichard @francisrichard
Toutes ces idées qui nous gâchent la vie, de Sylvie Brunel Bien sûr le changement climatique est une réalité. Bien sûr le défi écologique doit être relevé. Mais annoncer sans cesse le pire, transformer l'écologie en contrainte, personnifier la planète, appeler à l'expiation crée inutilement des sociétés de violence et de frustration.

Sylvie Brunel est géographe. Elle connaît bien notre planète qu'elle a parcouru en tous sens. Dans ce livre, elle parle de Toutes ces idées qui nous gâchent la vie . Qui nous la gâchent parce que ce sont des idées fausses.

Alors elle a décidé de les réfuter parce que rétablir les faits en se fondant sur des données scientifiques, sans préjugés idéologiques, devient urgent, car non seulement nous nous gâchons la vie avec des prédictions apocalyptiques, mais nous nous engageons en leur nom dans des directions qui nous mènent droit dans le mur.

Ce n'est pas la fin du monde comme d'aucuns l'annoncent et ce n'était pas mieux avant. Le monde change tout simplement, comme il a toujours changé et comme il changera toujours.

La "Planète" Par une dérive progressive mais implacable vers une civilisation occidentale où la "Planète" est plus importante que l'humanité. Où s'est instauré un paganisme écologique qui idéalise la nature, sanctifiant l'animal, vénérant le végétal, mais détestant l'être humain.

En sous-titre, sur la couverture, sont énumérées certaines de ces idées: Alimentation, climat, santé, progrès, écologie... Cette liste n'est donc pas exhaustive, tant il est vrai que le nombre d'idées fausses est sans limite, comme l'imagination humaine...

A titre d'exemples, citons ce que l'auteure dit de certaines d'entre ces idées fausses.

Alimentation

sanctifie l'animal mais est contre l'élevage. Or l'élevage protège la planète:

Grâce à l'animal l'herbe devient lait, fromage, viande... L'élevage entretient les paysages: quand les troupeaux ne sont plus là, les territoires s'embroussaillent, la moyenne montagne se ferme. Le feu, la friche et la faim s'installent.

L'auteure n'a rien contre le bio:

C'est le bio présenté comme une panacée généralisable que je trouve suicidaire: comment préconiser un système où l'on produit en moyenne un tiers de moins, ce qui oblige à vendre un tiers plus cher? Présenter le bio comme producteur de la seule nourriture acceptable est également un mensonge éhonté: notre nourriture est aujourd'hui parfaitement saine et de qualité. Climat Les jeunes que l'on incite à marcher pour le climat devraient en réalité marcher pour l'agriculture, exiger que l'on reconnaisse la contribution des paysans à la lutte contre le changement climatique et qu'on les rémunère mieux. Et aller à l'école, sauf si on leur raconte, comme on commence à le lire çà et là, qu'au paléolithique, c'était mieux, que les hommes vivaient libres et heureux (les femmes et les enfants, c'est moins sûr).

Pourquoi cette reconnaissance de la contribution des paysans? Parce qu'avant eux, ce n'était pas mieux:

Un territoire géré à l'ancienne, où les hommes se contentent de prélever la ressource, comme les chasseurs-cueilleurs d'autrefois, ne supporte qu'une population très faible.

Malthus, dont les écologistes d'aujourd'hui sont les disciples inconscients, n'avait pas pris en compte, erreur fatale, le progrès agronomique:

Une rizière [...] nourrit des milliers d'hommes sans épuiser les terres. Un champ de maïs peut supporter la monoculture des dizaines et des dizaines d'années, malgré ses plus de 10 tonnes à l'hectare: le maïs n'épuise pas les sols. Et comme c'est une plante dite en C4, il capte de très importantes quantités de CO2.

De plus les agriculteurs se sont transformés en véritables manageurs de la photosynthèse, qui savent que la conduite intelligente de leurs exploitations peut impacter directement non seulement le climat, mais aussi la biodiversité .

Une prairie capte plus de carbone qu'une forêt non gérée, qui vieillit et se dégrade, elle permet de lutter contre le ruissellement, donc l'érosion, et grâce aux animaux, qui l'enrichissent de leurs déjections, abrite une biodiversité considérable (oiseaux, insectes, batraciens, rongeurs...).

L'auteure rappelle qu' avant l'invention des antibiotiques, des pesticides et du moteur à explosion, l'espérance de vie de l'humanité n'a jamais dépassé vingt-cinq ans :

Le temps d'une vie humaine, le monde a radicalement changé: le développement est devenu une réalité universelle. Le nombre de pauvres s'est considérablement réduit malgré l'accroissement rapide de la population mondiale. Une humanité de 7,5 milliards de personnes vit aujourd'hui 72 ans en moyenne, quand les 3 milliards des années soixante n'en dépassaient pas 45. Comment mieux dire que les progrès ont été universels et généralisés [...]?

Les prédicateurs d'apocalypse, comme Malthus, craignent que la terre soit surpeuplée:

Le vrai risque n'est pas l'explosion du nombre des hommes - qui conduit certains à préconiser de ne plus faire d'enfants pour, croient-ils, sauver la planète - mais exactement l'inverse. L'évolution de la population mondiale nous conduit non à l'explosion mais à l'implosion démographique. Notre vrai risque: le vieillissement et la disparition progressive de l'humanité! Il n'y a pas un stock de ressources qu'il faudrait exploiter avec parcimonie et, si possible, ne pas toucher. Les ressources ne cessent d'évoluer. L'ingéniosité humaine sait sans cesse en créer de nouvelles, comme elle sait transformer son cadre de vie pour le rendre accueillant et durable. Même quand il a été dégradé, il est possible de le réparer.

Si la nature n'a rien de bienveillant , l'homme n'existe pas en dehors d'elle et a créé la plupart des paysages dont nous jouissons aujourd'hui:

Non seulement l'homme sauve les espèces qui l'intéressent, généralement les gros mammifères et les oiseaux, mais il est capable, avec l'agriculture et l'élevage, les prairies, les champs de maïs, les vergers, de créer une biodiversité d'autant plus intéressante qu'elle est nourricière. Écologie

L'écologie est pour d'aucuns une aubaine:

Le climat "se dérègle", nous dit-on. La collapsologie des prophètes de la fin du monde, rien de plus payant: on les invite et les réinvite dans les médias, où ils nous prédisent des drames toujours plus terribles, l'air profondément affligé. Notre insouciance semble les atterrer. Eux savent que l'heure est grave. Il nous faut nous amender et changer de mode de vie avant que "la planète" se venge de notre impéritie. Ne plus prendre l'avion, ne plus consommer autant, et même ne plus faire d'enfants. Nous, pas eux.

Autrement dit, ils appliquent : faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais . Car ils s'autorisent les moyens qu'ils considèrent comme inacceptables quand d'autres en font usage: avions, hélicoptères, croisières éclair en Polynésie et dans les Pôles... C'est évidemment pour les besoins de leur cause...

Conclusion Nous n'avons aucune idée de ce que sera le monde de demain. Mais la peur a toujours été mauvaise conseillère. Préparons-nous sereinement à l'incertitude. Apprenons à répondre aux défis de la nature, du nombre, du changement, sans chercher de boucs émissaires, ni nous imposer de sacrifices inutiles. Car jamais l'être humain n'est meilleur que lorsqu'il a confiance.

Francis Richard

Toutes ces idées qui nous gâchent la vie, Sylvie Brunel, 258 pages, JC Lattès


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