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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 333

Publié le 23 décembre 2019 par Antropologia

En douceur c’est violent

La voilà à Tarragone pour fuir la pluie d’ici. Novembre, un après-midi. Elle marche seule son guide touristique à la main. Pour mieux lire, elle marque une petite pause sur le trottoir.
Tout d’un coup, tombe sur elle comme un voile de liquide brunâtre. Elle pense à une déjection d’oiseau. Mais sans odeur. La voilà toute salie. Sidérée.

En même temps qu’elle essaie de retirer sa veste, un couple d’asiatiques à l’allure touriste, dans la soixantaine, vient à son secours et, en anglais, compatit gentiment, l’aide à nettoyer et sécher ses cheveux, à essuyer son visage et son cou de leurs kleenex. Vraiment c’est trop gentil. Ils sont tellement aimables qu’une fois à peu près revenue à la normale elle leur propose un selfie avec eux pour marquer cette mésaventure.
Les voilà tout effarés qui refusent et s’éloignent au plus vite. Ah bon…
Elle reprend sa déambulation puis machinalement se touche l’oreille. Tiens, elle a perdu une de ses créoles, sans doute dans le déshabillage et le nettoyage. Elle fait demi-tour pour revenir là où elle a dû la perdre et puis un doute, et l’autre ? Disparue aussi ! Là, elle comprend. Cherche quand même mais en vain.
Et puis elle pense à son collier et son pendentif cœur. Sa main ne trouve rien.
Disparus aussi.
Fébrile, elle fait l’inventaire de son sac, carte bleue, papiers, ouf, tout est là.
On l’a délestée de tout son or mais cela aurait pu être pire.
Quand même, elle est atteinte, raconte son « agression », repense beaucoup à cette expérience dérangeante. Elle a été agressée en douceur, avec adresse et ruse mais c’est violent à vivre tant de manipulation sournoise et cela marque.

La douceur, c’est très dur.

Thérèse Marsan

Décembre 2019


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