Fin de la chronique du roman de de J. Courtney Sullivan : Maine
Il y a d’abord Kathleen, très attachée à son défunt père et en rupture totale avec sa mère. Sa vie de patachon est un sujet continuel de discorde avec Alice alimenté en sous-main par le manque d’amour maternel dont a souffert l’aînée de la fratrie. Le seul point commun entre les deux femmes est leur addiction à l’alcool. La fille de Kathleen, Maggie, pâtit auprès de sa grand-mère de la mauvaise image de sa mère. Pourtant, Maggie est d’une bien autre trempe et son apparente fragilité cache un courage et une détermination qui ont manqué à sa mère et à sa grand-mère.
Il y a ensuite Pat, le trop sage et raisonnable « fils à maman », dont le dévouement n’est pas si désintéressé qu’il semble l’être. Sa femme Ann Marie, femme et mère parfaite aux yeux de tous, révèle quant à elle ses failles au bout de trente ans de bons et loyaux services.
Cette année sera certainement la dernière année pour Alice dans le Maine. Elle a décidé, sans rien dire à personne, de faire don de sa propriété à l’Eglise, espérant une indulgence par ce biais pour ses péchés. Elle espère ainsi obtenir le pardon, pas tant aux yeux de Dieu qu’aux siens propres, et compte bien retrouver la paix intérieure pour les derniers temps qu’il lui reste à vivre. Mais c’est sans compter sur l’arrivée au cottage de Maggie, Ann Marie et Kathleen…
On retrouve ici le style tellement apprécié des Débutantes, cette façon de scruter à la loupe des générations de femmes avec leurs aspirations, leurs contraintes, la façon dont elles se plient ou non au déterminisme de leur genre, la façon parfois cruelle dont elles se protègent, la façon dont elles arrivent à assumer leurs choix ou au contraire la façon dont elles se fissurent après de vaines et persévérantes tentatives de se conformer à ce que l’on attend d’elles.
Courtney Sullivan brosse un tableau de famille grinçant et de très beaux portraits de femmes tout en leur portant un regard bienveillant, loin de tout jugement moralisateur ou réprobateur.