Roman - 200 pages
Editions Jean-Claude Lattès - janvier 2018
Editions Livre de poche - août 2019
Dans un collège, Hélène enseigne les SVT et elle s'inquiète de l'état d'un de ses élèves, Théo. Il travaille bien certes, mais est ailleurs, déconcentré, semble empli d'une tristesse infinie et d'un malheur indicible. L'infirmière scolaire n'a rien à signaler , ses collègues lui intiment de ne pas alerter la famille sans preuve. Théo et Mathis sont soudés, liés par un secret, par ce qu'ils consomment chaque jour pour s'évader…
L'établissement est le carrefour de plusieurs vies qui se rencontrent, celle d'Hélène qui tremble à l'idée de rester inactive face à un élève souffrant peut-être de maltraitance, celle de Philippe, autre enseignant moins compatissant, celle de la mère de Théo qui vit avec aigreur son divorce et l'odeur sur son fils quand il revient vivre chez elle, celle du père de Théo, un homme sur la terrible pente descendante (divorce, chômage, isolement, désocialisation, négligence corporelle...), celle des parents de Mathis également... Extrait : "Les coups je les ai reçus et le secret je l’ai gardé jusqu’au bout. J’ai trente-huit ans et je n’ai pas d’enfant. Je n’ai pas de photo à montrer, ni prénom ni âge à annoncer, pas d’anecdote ou de bon mot à raconter.
J'abrite en moi-même, et à l’insu de tous, l’enfant que je n’aurai pas. Mon ventre abîmé est peuplé de visages à la peau diaphane, de dents minuscules et blanches, de cheveux de soie. Et lorsqu’on me pose la question – c’est-à-dire chaque fois que je rencontre une nouvelle personne (en particulier des femmes), chaque fois qu’après m’avoir demandé quel est mon métier (ou juste avant), on me demande si j’ai des enfants –, chaque fois donc que je dois me résigner à tracer sur le sol cette ligne à la craie blanche qui sépare le monde en deux (celles qui en ont, celles qui n’en ont pas), j’ai envie de dire : non je n’en ai pas, mais regarde dans mon ventre tous les enfants que je n’ai pas eus, regarde comme ils dansent au rythme de mes pas, ils ne demandent rien d’autre qu’à être bercés, regarde cet amour que j’ai retenu converti en lingots, regarde l’énergie que je n’ai pas dépensée et qu’il me reste à distribuer, regarde la curiosité naïve et sauvage qui est la mienne, et l’appétit de tout, regarde l’enfant que je suis restée moi-même faute d’être devenue mère, ou grâce à cela." Des vies qui ne se connaissent pas, se devinent mal. Chaque chapitre du livre fait parler un protagoniste, nous entrouvre sa vie personnelle. Seul le lecteur souffre tout le long du récit avec Théo, face à la colère larvée de sa mère et au taudis dans lequel s'enterre son père. Il est le tampon entre tant de non-dits, de désespoir, il doit donner le change au collège mais la spirale de l'alcool l'a emprisonné, empoisonné. Autour de lui, les loyautés peuvent empêcher son salut… ou non
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