PARIS (AFP) - La gauche, François Bayrou et des députés UMP dénoncent des "pressions" et "marchandages" de l'exécutif, en particulier de Nicolas Sarkozy, pour faire basculer lundi les hésitants ou les récalcitrants dans le camp du oui au Congrès sur la réforme des institutions.
Réforme des institutions : la gauche, Bayrou et des élus UMP dénoncent des "pressions" de Sarkozy
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Par Frédéric DUMOULIN AFP - il y a 1 heure 3 minutes
Nombreux coups de fil de conseillers de l'Elysée -notamment de Claude Guéant- à des députés UMP, convocation de certains par le chef de l'Etat lui-même, appels insistants, ressentis comme des menaces, d'Alain Marleix (Collectivités), en charge du redécoupage électoral... plusieurs élus résolus à voter non, ou tentés de le faire, ont affirmé à l'AFP être "harcelés".
De fait, une certaine fébrilité règne depuis plusieurs jours dans les allées du pouvoir tant l'issue du vote est incertaine.
Le scrutin devrait se jouer à quelques voix, peut-être moins de cinq, situation totalement inédite pour un Congrès.
"Il y a des débauchages et des médiocrités dont on avait perdu l'habitude. On nous dit qu'il faut revaloriser le Parlement, or on fait des pressions inacceptables. Des députés ont été convaincus de changer de vote en étant achetés ou contre la promesse d'un maroquin", a déclaré à l'AFP le député chiraquien Henri Cuq, opposé à la réforme.
"Que le président du groupe UMP (Jean-François Copé) nous appelle, c'est son rôle. Mais le président de l'Assemblée (Bernard Accoyer) fait des pressions directes ou indirectes, Nicolas Sarkozy convoque des députés dans son bureau et s'arroge le droit de modifier le règlement de l'Assemblée" sur le seuil de constitution d'un groupe parlementaire, a-t-il dit.
"On m'a appelé pour me dire +ne t'inquiète pas, Marleix va s'arranger pour ta circonscription+", raconte un député UMP qui se dit soumis "à une pression d'enfer". En vain : il maintient son vote négatif.
Philippe Folliot (app NC), toujours hésitant, assure ne pas avoir eu droit à un tel traitement: "ce serait le meilleur moyen de me faire voter contre !".
"Il est temps que cessent ces pressions, ces chantages, cette frénésie de marchandages, qui prennent une ampleur jamais vue", a lancé jeudi le porte-parole du PS, Julien Dray.
Indigné, François Bayrou (MoDem) accuse certains hommes politiques de se conduire comme "des marchands de paillassons".
Que M. Sarkozy "aille jusqu'à négocier lui-même, pour obtenir quelques voix, des nominations, ou bien l'arrangement d'affaires, ou bien le fait que l'on pourra faire un groupe parlementaire avec 10, 12 ou 15 députés, tout cela, ce sont des marchandages qui ne sont pas dignes", a-t-il lâché.
Une allusion à la cour pressante dont sont l'objet les élus PRG de la part de l'exécutif, en vue du Congrès. Il n'y a pas de contrepartie, c'est un vote de "conviction", a rétorqué le patron du PRG Jean-Michel Baylet.
Certaines persifleurs assurent aussi que Jack Lang (PS) voterait oui contre la promesse d'être nommé "défenseur" des citoyens, poste créé par la réforme. "C'est honteux, je ne suis candidat à rien !", réplique l'intéressé.
Dans le camp du non, des élus de gauche évoquent aussi des pressions de la direction du PS, notamment sur les investitures, afin que pas une voix ne manque pour faire échec au chef de l'Etat.
"Des pressions ? Il y en a eu en réalité très peu. A quatre mois du Congrès du PS, ce n'est même pas la peine. Celui qui sort du bois et vote oui sait bien qu'il est mort", affirme une source PS.