Bien qu'il soit souvent oublié, voire ignoré, le principe fondamental de l'assurance est la mutualisation des risques. Or un de ses pires ennemis est la fraude, qui, par exemple, coûte collectivement 40 milliards de dollars par an aux américains, selon le FBI, soit plusieurs centaines de dollars de primes supplémentaires dans chaque famille.
Face à un fléau d'une telle ampleur, la jeune pousse Branch, qui s'est jusqu'à maintenant fait un nom avec la vente combinée de couvertures automobile et habitation à coût avantageux, veut croire qu'une solution triviale, assise sur une vraie sensibilité communautaire, lui permettra de limiter son exposition. Qu'on en juge : elle propose désormais à ses assurés une réduction sur le prix de leur police à partir du moment où ils trouvent un autre client acceptant de se porter garant de leur comportement honnête.
En pratique, dès la souscription de son contrat, le nouvel arrivant peut, depuis l'application mobile de la startup, synchroniser ses contacts et identifier ceux qui ont déjà une assurance auprès de Branch. Il ne reste plus qu'à leur envoyer une demande de caution (morale), d'un geste. Pour chaque personne qui l'accepte (d'un clic également), le bénéficiaire obtient alors un rabais de 1% sur le montant de sa prime, pour un total maximal de 5% (les niveaux exacts varient selon les états et leur réglementation).
Au premier abord, l'idée de lutter contre la fraude de la sorte peut paraître légèrement absurde, sans autre implication du garant que de donner son accord (ils serait tentant d'ajouter, par exemple, un signalement en cas d'abus ?). Après tout, rien n'empêche les individus malintentionnés de solliciter un soutien de leur entourage (ou même de se constituer en groupe !) puisque le geste n'a aucune autre conséquence.
Pourtant, il est possible que la simple pression sociale qu'exerce la mise en relation de clients qui se connaissent (bien), aussi indirecte et superficielle semble-t-elle, suffise pour affecter un tant soit peu les usages et inciter à modérer efficacement quelques dérives. Le simple fait de savoir qu'un proche a partagé avec un tiers sa confiance envers l'assuré contraint subtilement ce dernier à faire plus attention à une fraude qui est souvent perçue comme un « crime sans victime » (c'est la compagnie qui paye !).
En tout état de cause, l'expérience que mène ainsi Branch (plutôt facile à répliquer, au demeurant) est extrêmement intéressante à suivre. Si la perte de vue du mode de fonctionnement mutualiste de l'assurance est réellement responsable (au moins d'une partie) de la fraude, une solution consisterait en effet à ré-insuffler une approche communautaire dans ses fondations, de manière à rétablir une perception plus juste.