Les voyages, pour qui travaille sans cesse les mots et leurs agencements, mènent au souvenir d’Hugo Vernier, auteur repéré par Georges Perec et désigné dans son fameux Voyage d’hiver. Les oulipiens lui ont inventé d’autres aventures, d’autres suites. Et Robert Rapilly l’a mis sur le chemin qui mène de Fives, dans le Nord de la France, en Argentine. Manuel Mauraens est un métallo, s’en allant construire une voie ferrée à l’autre bout du monde, entre rivière souterraine et forêt sacrée. Il y rencontre Abipone Lules, une Indienne qui l’initie aux secrets renversants de la nature, et il sème des poèmes de toutes sortes comme le ferait un Petit Poucet rêveur. Empruntés à Mallarmé, à Nerval, à Isidore Ducasse, aux maîtres japonais, et à tant d’autres qu’il n’est guère possible de tous identifier, les mots de ce voyage, qui pourrait être un tour de Jules Verne, ce que les images de Philippe Lemaire permettent de penser, nous rappellent aussi que le trésor qu’en ont rapporté les voyageurs est une pomme de terre.