Avoir inventé le covoiturage ?

Par A Bride Abattue @abrideabattue

Vous voulez rire ?
Vous n'en pouvez sans doute plus des grèves des transport, de la promiscuité, des retards et de l'heure tardive à laquelle vous rentrez. Je ne suis pas en France mais je compatis.
Je me souviens d'une fois où le RER B s'est arrêté un soir d'hiver  aux alentours de 19 heures.
Je ne sais plus s'il s'agissait d'un débrayage surprise ou d'un accident de personne (une collision entre un être humain et une voiture, autrement dit un suicide), ou un autre motif. Toujours est-il qu'on nous a annoncé que nous avions eu la chance de voyager dans le dernier train de la journée, que la station d'Arcueil-Cachan serait son terminus mais que nous pouvions bien entendu (la voix ne précisait pas si nous pouvions utiliser le même ticket) poursuivre notre trajet en prenant un bus sur la nationale 20.
Sachant que la capacité maximale de ce type de train était alors de 1684 passagers et qu'il était bondé on pouvait supposer raisonnablement qu'au moins 1500 personnes allaient vouloir monter dans un bus en direction du Sud. Sachant que les plus grands autobus parisiens peuvent accueillir 90 personnes il fallait compter sur 17 autobus (vides) pour absorber le flot.
Comme vous pouvez le deviner, l'énervement gagna très vite les banlieusards qui tentaient de grimper dans des véhicules qui arrivaient déjà saturés. Beaucoup s'assirent de dépit sur le bord du trottoir. D'autres avaient déjà commencé à poursuivre leur trajet en marchant.
Rallier Antony depuis Arcueil représentait un peu moins de 7 kilomètres. Il était réaliste d'y parvenir en une heure 15. Mais, souvenez-vous qu'il faisait froid. Et surtout, je n'était pas chaussée en conséquence.
Je me répétais comme un mantra : il n'y a pas de problème, que des solutions qu'on ignore. Je remarquai que la plupart des automobiles circulaient avec une seule personne à bord. On pouvait donc relativement facilement y monter à 4, ne serait-ce que pour être déposé un peu plus loin et avoir moins à marcher.
Mais comment les arrêter ? L'auto-stop classique, pouce en l'air, était sans effet. Il faisait nuit. Cela devenait périlleux.
Je proposai à une trentaine de personnes de nous donner la main et de nous engager sur la très large nationale pour la barrer (tout simplement). Les conducteurs n'allaient pas nous écraser et seraient bien forcés de s'arrêter. Je pariais qu'ils allaient baisser leur vitre. A nous d'être convaincants. Il suffirait ensuite que d'autres personnes prennent la suite de la chaine.
Ainsi fut tenté .... et réussi. J'ai rallié mon domicile plus vite qu'avec le RER car, par chance "mon" convoyeur habitait à proximité. L'ambiance était joyeuse dans sa voiture.
C'est fait. Je peux cocher la case : J'ai inventé le covoiturage.

Photographie d'un bus prise en juillet 2017 à Guanajuato-Mexique.