Les couleurs de l'empathie

Publié le 17 décembre 2019 par Eric Acouphene


On peut définir l’amour altruiste comme "le désir que tous les êtres trouvent le bonheur et les causes du bonheur." Ce désir altruiste s’accompagne d’une constante disponibilité envers autrui alliée à la détermination de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider chaque être en particulier à atteindre un authentique bonheur. Le bouddhisme rejoint sur ce point Aristote pour qui "aimer bien" consiste à "vouloir pour quelqu’un ce que l’on croit être bien" et "être capable de le lui procurer dans la mesure où on le peut." (1) 
La compassion est la forme que prend l’amour altruiste lorsqu’il est confronté aux souffrances d’autrui. Le bouddhisme la définit comme "le souhait que tous les êtres soient libérés de la souffrance et de ses causes". Cette aspiration doit être suivie de la mise en œuvre de tous les moyens possibles pour remédier à ces tourments. L’empathie est la capacité d’entrer en résonance affective avec les sentiments d’autrui et de prendre conscience cognitivement de sa situation. L’empathie nous alerte en particulier sur la nature et l’intensité des souffrances éprouvées par autrui. On pourrait dire qu’elle catalyse la transformation de l’amour altruiste en compassion.
Matthieu Ricard (blog)
(1) Aristote, (2007), Rhétorique, II, 4, 1380b 34. Cité par Audi, P. (2011). L’empire de la compassion. Editions Les Belles Lettres, p. 37.

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