Encore une fois et ce n'est pas fini, je vais parler d'un genre qui me passionne particulièrement ces derniers temps : le thé noir. Et pas n'importe lequel cette fois puisqu'il s'agit d'un Benihomare.
Benihomare (prononcez Bénihomaré) est le cépage historique au Japon, pour le thé noir bien sûr, mais pas seulement puisqu'il est issu d'une sélection parmi les théiers dits "Tada-inzatsu", enfants des théiers issus des graines ramenées d'Inde par Tada Motokichi en 1877, première expérience de ce genre au Japon.
C'est dans les années 30 qu'il est sélectionné, nommé alors C8, et est planté avec d'autres cépages à thé noir de type Tada-inzatsu, dans diverses régions pilotes, dont Kameyama dans le département de Mie, d'où provient mon thé du jour.
En 1953, on procède à la première série d'enregistrement officiel de cépage à thé, avec 15 cultivars, dont 5 à thé noir ! C8 est nommé Benihomare, numéro 1 de la liste. On trouve évidemment dans cette liste Yabukita ou encore Asatsuyu.
Benihomare a servi pour faire création d'autres cépages à thé noir, Benifuji et Benifûki, ou encore Izumi.
Bien qu'il fut reconnu pour sa qualité dans le concours locaux, ainsi même qu'à Londres où furent envoyés des échantillons, les échecs de la production du thé noir au Japon puis la libéralisation du commerce international du thé sonnèrent le glas
de ce cépage ainsi que des autres cépages à thé noir.
Avec quelques théiers Benihomare restant à Kameyama, ce thé noir revis depuis 2011.
Je voulais pouvoir présenter avec Thés-du-Japon ce Benihomare de Kameyama, j'ai pu avoir un tout petit peu de ce first flush 2019 cette année.
De prime abord, le parfum, très agréable, semble très simple, ou tout du moins très classique dans le bon sens du terme. Pourtant, avec peu plus d'attention, on remarque comme la senteur de ce thé noir est riche, sucrée et vanillée, avec des notes boisées, une touche de pamplemousse aussi.
En bouche c'est très équilibré, avec suffisamment de corps, mais pas excessivement fort. La première impression est celle d'une infusion très fluide, avec ensuite juste de ce qu'il faut de tannique, l'astringence est présente mais très raffinée. Restent alors en bouche des arômes légèrement boisés encore, mais surtout sucrés, évoquant des bonbons aux agrumes.
L'ensemble donne une impression de fraîcheur qui contraste tant avec la richesse aromatique qu'avec le corps de ce thé Benihomare.
Ce thé noir peut sembler un peu trop cher, il n'est pas certes pas aussi spectaculaire que les Izumi (cépage sélectionné à partir de graines de Benihomare rappelons-le) de Sashima, mais il fat preuve néanmoins d'une qualité globale élevée, avec des arômes suffisamment typiques et en même temps très classiques, très "thé noir" d'un point de vue international. C'est pour moi une chose importante de pouvoir avoir un thé noir qui puisse se rapprocher de choses standards avec une typicité japonaise subtile.