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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 332

Publié le 15 décembre 2019 par Antropologia

Pauvre bête !

En partance sur la ligne ferroviaire Sarlat Bordeaux. C’est une gare où l’on trouve (encore) un guichet et des bancs sur les quais. Sur l’un d’eux, près de la sortie, est assise une femme.  Elle pose sa main droite sur l’encolure du chien assis à côté d’elle sur le quai en bout de banc. Les pattes avant dressées, Il regarde droit devant lui. Il porte, attaché aux pattes avant, un harnais qui maintient un dosseret muni d’une anse ; l’équipement est complété par un arceau rigide en forme d’épingle à cheveux. Chaque extrémité est fixée et articulée  à une épaule si bien que l’arceau est baissé le long du dos. Les voyageurs passent à côté pour rejoindre le quai suivant où le train est attendu. Puis, une dame s’arrête à hauteur, se tourne légèrement en penchant la tête vers l’animal et sans le quitter des yeux, s’exclame  et demande :

  • quel beau chien ! c’est quoi comme race ?
  • un labrador
  • qu’il a l’air gentil !

  Elle se met à lui caresser  la tête ; il reste impassible.

  • Mais qu’est-ce que c’est cette barre là sur le dos ?  Qu’est-ce qu’il a fait ? Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
  • C’est un chien d’ aveugle
  • Mon dieu ! Pauvre bête !

Puis elle poursuit son chemin sans un autre mot.

Le train entre en gare. Le chien se redresse imprimant  ainsi un mouvement à la poignée et à l’arceau .C’est le signe du départ. La passagère quitte le banc en tenant l’arceau bras tendu et se laisse guider pour prendre place à bord de la voiture.

Eliane Roche


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