svaṃ rūpaṃ svātmanā paśya śuddhabuddhisamāśrayam // 8
"Il n'y a pas d'instruction en ce qui concerne notre essence.
Il 'y a donc pas d'instructeur à son sujet.
Vois ton essence par ton essence
en t'appuyant sur un intellect purifié."
Notre essence, le Soi, c'est pas un objet. Elle n'est pas une chose, ordinaire ou subtile, réelle ou irréelle, que je pourrait pointer du doigt. Elle ne peut dont être l'objet d'un enseignement, d'une instruction. Il n'y a donc pas d'instructeur du Soi.
Mais alors, est-ce que notre essence est absolument impossible à connaître ?
- Non. Mais je ne peux la connaître qu'en me connaissant, moi-même par moi-même, "le Soi par le Soi". Moi seul, je peux me connaître, directement. Aucune expérience, aucun raisonnement, aucune croyance ne peuvent me révéler. Mais je peux m'éveiller à moi, Lumière qui illumine toutes choses, en laquelle tout apparaît et disparaît, mais qui elle même n'apparaît ni ne disparaît. Et moi, Lumière, je n'ai besoin d'aucune autre lumière pour m'illuminer. Je suis Lumière, ma propre lumière. Une chose a besoin de moi pour être, pour apparaître, qu'elle soit réelle ou imaginaire. Mais moi, je suis à moi-même ma propre lumière. Je m'illumine en illuminant les choses, extérieures et intérieures.Mais alors, si je suis évident, pourquoi est-ce que vis ainsi dans l'ignorance de moi ?
- Parce que je suis tourné vers les objets que j'illumine, les pensées, les choses, etc. Si je me retourne vers moi, alors je suis Lumière qui s'illumine. Quand je suis tourné vers les choses, je suis l'intellect. Quand je me retourne vers moi, je suis "l'intellect purifié", la Lumière qui se réveille, elle-même par elle-même. L'éveil n'est que ce retournement.Mais alors, à quoi bon partager l'éveil ?
- Je peux partager ce qui vient d'être dit. Vous pouvez alors voir par vous-même, vous éveiller directement. Nul ne peut le faire à votre place. Seul le Soi semble s'éveiller au Soi. De plus, la séparation entre les individus est illusoire. Il n'y a qu'une seule Lumière. Même d'un point de vue matérialiste, il n'y a qu'une seule matière, un seul univers.Voici le commentaire :
"Puisqu'elle n'est pas un objet perceptible, elle n'est pas exprimable, l'essence qui est le Soi. Il ne peut donc y avoir d'instruction directe à son sujet. "Instruire", c'est enseigner. - Mais alors, comment la connaître ?Si l'on pose cette question, on répondra "par ton essence", par soi-même, c'est-à-dire [que le Soi] est présent en tant que pur Soi. "Présent", c'est-à-dire comme pure conscience qui ne dépend pas des objets. Ou encore présent en tant que "soi-même", c'est-à-dire présent en tant que "pur Soi", en tant que "cela qui perçoit", quand je me détourne des objets perçus qui, [en tant qu'ils sont délimités,] ne sont pas le Soi.
- Et où voir ce Soi ?
Si on le demande, on répond "dans l'intellect purifié", dans l'intellect vidé des formes des choses, notre essence totalement indépendante de l'activité des organes peut être connue.""
Le verset suivant :
devāditiryagantānāṃ bhāntaṃ bhānairabhāsitam |
bhāntaṃ sarvatra sarvasya sarvadā mānavarjitam || 9 ||
"Elle brille pour [tous les êtres], depuis Dieu jusqu'aux insectes.
[Mais] elle n'est pas mise en lumière par ces lumière-[là].
Elle brille partout, toujours, pour tous,
[mais] sans mesure."
Mais si elle n'est pas une chose perceptible, comment puis-je la percevoir ?
- De fait, elle est toujours déjà perçue, mais elle ne peut être perçue. Elle est toujours déjà perçue, car elle est la perception elle-même. Elle est perception. Mais elle ne peut être perçue car elle n'est pas délimitée, mesurée par un moment, un lieu et une forme. Elle n'est pas mesurable par la perception, par la pensée ou par la croyance. Elle brille "sans mesure". Sans mesure, car elle n'est ni jaune, ni bleue, etc., ni ronde, ni carrée, ni passée, ni à venir, ni proche, ni lointaine. Elle est la Lumière qui manifeste ces mesures, mais qui elle-même n'est pas mesurable "par ces lumières-là".Voici le commentaire :
"- Mais si elle n'est pas un objet perceptible, comment puis-je la percevoir ?Si on le demande, il répond par ce verset. "Dieu", c'est l'éternel Shiva, la Matrice d'or. "L'insecte", c'est l'insecte minuscule nommé "stamba". Elle brille directement pour tous, de Dieu jusqu'aux insectes, en tant que Soi.
- Mais alors, pourquoi ne brille-t-elle pas pour moi ?
Si on demande cela, il répond qu'elle "n'est pas mise en lumière par ces lumières[-là]. "Par ces lumières", par les expériences délimitées que sont les formes des choses perçues. Elles ne sont pas mises en lumières ainsi. C'est-à-dire qu'elle ne brille pas absolument parce qu'elle est obscurcie par les formes perçues par l'intellect, pourtant elle brille, c'est vrai, comme le soleil caché par les nuages. Mais quand l'intellect est vidé des formes des choses perçues, alors elle brille absolument, comme le soleil dans un ciel sans nuages.
- Mais si elle brille seulement dans l'intellect, elle est limitée !
Si on objecte ainsi, il répond "qu'elle brille toujours et partout, pour tous", car quand un pot, par exemple, apparaît, elle brille précisément en tant que cette apparence. L'idée est qu'elle brille "partout et toujours", car elle se manifeste clairement dans un intellect purifié, comme la lumière du soleil [brille partout] sur le monde, [mais] ne se révèle clairement que sur une surface plane.
- Mais si les moyens de connaissance [que sont la perception, l'inférence et le témoignage ont alors] cessé d'opérer, comment peut-être briller ? Dès lors, comment peut-on affirmer qu'elle brille "toujours et partout" ?
Si on demande cela, il répond qu'elle brille "sans mesure", [sans la "mesure" des moyens de connaissance que sont la perception, l'inférence et le témoignage]. C'est-à-dire qu'elle ne peut être objectivée par l'activité des moyens de connaissance."