« L'endroit où, sur une faille démarre la rupture est appelé foyer du tremblement de terre ou hypocentre. L'épicentre est le point de la surface du sol le plus proche du foyer. » (Musée de sismologie de Strasbourg)
Écrire est donc lié au tremblement, à la faille. L’épicentre se calcule, l’épicentre est invisible.
Marie-Hélène Lafon écrit à propos de choses invisibles, ou plutôt auxquelles on n’est peut-être pas assez attentif : un petit panier tressé, des bouquets, le thé du matin, l’hélicoptère, la manie du rangement, les dimanches de l’enfance, les mésanges, le blaireau, le maçon, les mouches, la chaise longue et l’expression « tomber foutu ». Il ne s’agit pas d’un catalogue ; chaque texte emporte l’auteure loin de son mot de départ. Dans le souvenir : on rencontre Madame Fraigefond et Madame Durif, Madame Robert la boulangère. Dans la géographie : entre la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme et Paris. Dans l’inquiétude : on sait quand on part mais pas quand on reviendra, le 14 juillet 2016 à Nice, les maladies, les vies difficiles. Et l’âge, qu’elle répète comme pour marquer d’où elle écrit, « depuis plus de cinquante ans ».
Claire Angelini a dessiné, dans ce même été 2016, des moments. Je ne sais si ces deux écritures étaient simultanées, si elles voulaient se répondre, mais leur publication dans un même ouvrage, d’abord les textes puis les dessins, crée ce mouvement de l’une à l’autre. On croit reconnaître le tressage du panier, on devine les murs, les maisons, les paysages, les animaux qui passent dans les textes. On finit avec le rouge qui s’infiltre dans les montagnes, dans les mots, la « pivoine écartelée », le « plaid orange », le « chat roux » et le « sécateur rouge ».