A vrai dire, cet article, je n'avais vraiment pas prévu de l'écrire. Bien au contraire d'ailleurs puisque j'avais dans l'idée de modifier un article écrit par ma mère afin de le mettre dans la catégorie "parents".
Mais ce soir, je n'ai pas envie de mentir. Oui avoir fait un site est bien, je me sens exister et les personnes avec qui j'en parle m'encouragent. Oui j'ai eu des retours positifs de personnes que je ne connaissais pas et c'est un cadeau merveilleux. Je ne regrette en aucun cas et j'enverrai tout le positif que je pourrais dans mes écrits imparfaits.
Mais la vérité, c'est aussi que j'en ai bavé dernièrement et j'en bave encore. J'ai passé une sale période où tout s'effondrait encore une fois. Tout: ma vie, complètement, à cause de cette fichue maladie qu'est la cyclothymie et ses amis, les troubles associés. Je me levais le matin avec l'impression d'étouffer, jusqu'au soir avec cette envie de tout lâcher, de mourir très clairement. Grâce au ciel, mes amies, ma famille, m'ont soutenu et j'ai pu avoir quelques moments de répit. Je suis reconnaissante d'avoir mes proches, sincèrement. C'est mon plus beau cadeau.
Mais voilà, en ce 13 novembre, il me semble évident d'expliquer la rechute. J'ai eu des moments où j'avais le sentiment d'aller un peu mieux. Je suis extrêmement bien encadrée par le CTAH de Paris. Mais là, sourire m'est presque difficile.
La vérité c'est que moi aussi, malgré mes efforts à encourager autant que je peux et avec plaisir et à ne rien lâcher, je vais toujours mal. Je déteste dire ça, "je vais mal". Mais c'est la vérité. Je m'appelle Romane et je vais mal.
On entend souvent parler d'anorexie, et il y'a énormément d'incompréhension sur cette maladie.Nous allons dire "mange !" à une personne anorexique, mais pour elle, c'est impossible. Et bien pour une personne atteinte de toc bipolaire, c'est la même chose. "Mais enfin, c'est insensé, lutte, tu sais bien que c'est du délire"... du délire qui paralyse.
Puis émotions qui divaguent, un océan. Je peux rire à m'en tordre le ventre, mais intérieurement être démolie. Et c'est ce qui m'arrive actuellement. Je n'ai pas honte, c'est une rechute. Je n'ai pas honte de dire que je me fais du mal, même si c'est un sujet délicat.
Mais la pire des solutions est belle et bien celle-ci. J'ai tout testé pour essayer d'éliminer un maximum la souffrance. J'ai même pris des substances vraiment pas recommandables sous cachets où non pour oublier ce qu'était ma vie. J'ai fais du mal à mon corps, et il m'arrive, oui, de rechuter. Je ne dis pas que j'abandonne. Je dis juste, si l'on va plus loin, qu'une personne qui rechute n'est pas pour autant faible.
Nous avons honte après coups d'avoir été trop loin, mais est-ce notre faute ?
La rédemption est possible, aller mieux est possible, aimer ses cicatrices est possible. Mais il faut un temps et je sais qu'un jour je regarderai probablement en arrière en aillant un regard plus compatissant sur moi et en étant peut-être plus forte.
J'aimerais juste de la douceur envers les rechutes. La victime souffre, elle ne se rend pas compte forcément que l'entourage souffre aussi, mais après coup, la culpabilité est là. Ca ne parle pas forcément de bipolarité ! Les rechutes, c'est dans n'importe qu'elle maladie, et nous n'en sommes pas coupable.
On peut être agressifs, rejeter, se renfermer, mais on a besoin d'amour, de soutien, de câlins. Il est difficile de s'offrir un peu d'amour lorsque l'on ne s'aime pas, alors ne soyez pas en colère contre une personne qui rechute. Elle ne lâche pas l'affaire, elle sature, l'espace d'un instant.
Le plus beau geste à faire est de tendre la main à une personne qui souffre, j'ai la chance d'avoir des mains tendues et je tendrais toujours la mienne. Mais faites donc, faites ce geste. Il est tellement précieux. Peu importe si vous voyez sur un bras des cicatrices fraîches, soyez indulgents face à la souffrance, ne vous braquez pas. Parlez, dialoguez, mais n'oubliez pas que si la rédemption est possible, les rechutes le sont aussi.
Je parle bien sûr de ce que je connais: de rechutes dans la bipolarité/cyclothymie.
Mais une chose est sûre,