Cette équipe de chimistes toxicologues de l'Université de la Saskatchewan (USask, Canada) révèle la présence de particules provenant des écrans LCD dans près de la moitié des échantillons de poussière domestique testés dans leur étude. Il s’agit de produits chimiques couramment utilisés dans les écrans de smartphones, de téléviseurs et d'ordinateurs, pouvant être toxiques. L'équipe de recherche internationale tire la sonnette d'alarme, dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS), sur ces monomères à cristaux liquides et sur la menace qu'ils représentent pour les humains et l'environnement.
C’est la première étude à répertorier tous les monomères à cristaux liquides utilisés et à évaluer leur potentiel de libération et de toxicité. Cet examen de plus de 300 produits chimiques différents suggère que près d’une centaine ont un potentiel toxique significatif. « Ces produits chimiques sont semi-liquides et peuvent pénétrer dans l'environnement à tout moment pendant le cycle de fabrication et de recyclage. Maintenant, nous savons également que ces produits chimiques sont libérés également lors de leur utilisation », alerte l’auteur principal, le toxicologue environnemental américain John Giesy. : « ces produits chimiques peuvent entraîner des effets néfastes ».
Il n’existe actuellement aucune norme pour quantifier ces produits chimiques, et aucune réglementation
Des monomères toxiques : l'équipe de recherche a rassemblé et analysé une liste complète de 362 monomères à cristaux liquides couramment utilisés dans la fabrication des écrans, provenant de 10 industries différentes. L’équipe a évalué la toxicité possible de chaque composé chimique dont celle des monomères trouvés couramment dans 6 modèles de smartphones fréquemment utilisés. Les chercheurs montrent que les monomères spécifiques isolés des smartphones sont potentiellement dangereux pour les animaux et l'environnement.
- Lors d'essais en laboratoire, ces composés chimiques révèlent des propriétés connues pour inhiber la capacité des animaux à digérer les nutriments et pour perturber le bon fonctionnement de la vésicule biliaire et de la thyroïde ; des effets similaires à ceux des dioxines et des retardateurs de flamme, déjà documentés chez l'homme et sur la faune. Précisément,
- 90% des monomères testés présentent des propriétés chimiques spécifiques inquiétantes : ils s'accumulent dans les organismes, résistent à la dégradation dans l'environnement ou sont facilement transportés sur de longues distances dans l'atmosphère ;
- près du quart des produits chimiques testés présentent ces 3 caractéristiques troublantes.
Des monomères courants dans l'environnement : les chercheurs ont également testé des échantillons de poussière recueillie dans différents types de bâtiments (en Chine), personnel, public, industriel etc…. Près de la moitié des 53 échantillons testés se sont avérés positifs pour ces monomères à cristaux liquides.
Il n’existe actuellement aucune norme pour quantifier ces produits chimiques, et aucune réglementation de dose tolérable, alertent les chercheurs. On estime que 198 millions de mètres carrés d'affichage à cristaux liquides ont été produits l'année dernière …Enfin, d'énormes quantités de déchets électroniques produits dans le monde se retrouvent dans l'environnement.
Avec aujourd’hui, l’absence totale de contrôle et de mesure de ces monomères, en particulier dans les eaux de surface.
Source: PNAS December 9, 2019 DOI : 10.1073/pnas.1915322116 Persistent, bioaccumulative, and toxic properties of liquid crystal monomers and their detection in indoor residential dust
Équipe de rédaction Santélog Déc 12, 2019Rédaction Santé log