White Working Class permet de comprendre la façon dont Donald Trump a été perçu par la population américaine.
Tout d'abord, dit le livre, c'est un "real man", un "homme". Si l'on y réfléchit bien, il correspond à un stéréotype de héros de film. Le mauvais garçon au grand coeur. Mais il y a peut-être plus subtil. Ce que White Working Class appelle "l'élite", c'est-à-dire les riches intellectuels (par ailleurs de gauche), n'a que l'insulte à la bouche lorsqu'elle parle de la classe moyenne blanche : "hillbillies, rednecks, hicks, toothless idiots". Elle s'est peut-être reconnue dans le duel Hillary Clinton, Donald Trump. Hillary Clinton surclassait intellectuellement Donald Trump, et le méprisait. C'était la lutte du pauvre type contre l'élite intellectuelle, sur le terrain de cette dernière. Et, comme dans les films de Clint Eastwood, dans le feuilleton Lieutenant Colombo, dans le film Erin Brockovich, et dans beaucoup d'autres productions cinématographiques, c'est "l'underdog" qui a gagné, à force de détermination.
Hollywood dit aussi que ce combat n'est autre que le mythe américain (cf. Captain Blood). Les classes laborieuses européennes, celles qui "travaillaient dur", ont pris le bateau pour fuir les faux raffinements de la société aristocratique, paresseuse, qui les exploitait, et construire un monde où le travail de l'homme lui garantirait la liberté. Hillary Clinton, c'est l'aristocratie européenne et son arrogance suffocante. Donald Trump, c'est le May flower.
Sans cesse l'aristocratie, le serpent de la Bible, ressurgit, avec toute la trompeuse séduction du fruit défendu de la raison. Sans cesse le "hard working dim witted", le "simple d'esprit", l'esprit qui a pour seule boussole son coeur, doit, contre vents et marées, à force de détermination, se libérer, pour (re)gagner le Paradis. C'est le rêve américain.