How completly wrong you can be
How completly wrong
you can be..."
-K.B.
Je ne voulais pas en parler.
Parce que ça m'obligeait à révéler une partie de ma vie duquel je ne suis pas tellement fier.
Au point qu'un secondaire II, je devenais le premier étudiant, depuis longtemps, à être expulsé de l'école pour son dossier disciplinaire. Généralement, on vous sortait de l'école, parce que, élitiste, cette école expulsait ceux dont les notes chutaient trop selon leurs standards. C'était presque l'unique motif de renvoi. Mais comme j'avais les notes, on a trouvé un autre motif. Et en raison de ce lourd dossier disciplinaire, aucune autre école, aussi bonnes mes notes eût-elles été, n'acceptait de me prendre pour mon secondaire III. Il a fallu que mon père trouve une école où il connaissait bien le directeur général de cette école, à 45 minutes d'autobus de chez moi, pour qu'on me réaccepte ailleurs. Sous conditions de bon comportement. Ce que j'ai livré. Apprenant avec humilité, ma leçon.
J'avais fait souffrir ma famille, mais je revisitais aussi tous les souffres douleurs que j'avais affectés et je n'étais pas fier de moi. J'avais été dégueulasse. J'ai vite changé mes airs.
En recroisant N.B., des années plus tard, je devais avoir 20 ans et lui aussi, je restais surpris de le voir venir me voir comme si nous avions été de bons amis, alors que j'ai principalement pris son cadenas pour la barrer tout en hauteur sur un barreau de fenêtre dur d'accès (N.B. était petit) pendant 2 ans. C'était mon rapport avec lui. "Tiens un cadenas! Monkee time!" et j'escaladais la fenêtre pour y barrer son cadenas de case tout en hauteur.
Rien de drôle. Dégueulasse.
À 20 ans, je restais surpris de le revoir, avec un violon, sur lequel je n'osais pas poser une seule question, et remarquais qu'il était toujours incapable de me regarder dans les yeux, et le dos devenant rond tout en se parlant. Comme la victime qu'il avait été pour moi. J'étais intérieurement effondré. Je le sentais intimidé par l'intimidateur que j'avais été à son égard. Et il me traitait comme un ami.
Je ne méritais pas son attention. J'avais été si con. Et des années plus tard j'étais encore l'irradiation terrifiante de ses cauchemars diurnes. Il en rougissait en se recroquevillant sur lui-même comme une poupée désarticulée. Comme un condamné à la guillotine fraternisant avec son bourreau.
Dégueulasse.
Ce qui me mène à Mike Ward.
Impossible pour moi de sympathiser le moindrement avec l'humoriste. J'y vois l'intimidateur que j'ai été, jeune ado. Avec le même type de maturité. Lorsque dénoncé, qui ensuite allait s'en prendre à ceux qui l'avait dénoncé. Ou du moins qui allait occuper tout l'espace possible pour redevenir le king du corridor. Avec ses supporteurs de piètres qualités.
Condamné à payer 35 000$ (rien, il l'a facilement ce montant) à Jeremy Gabriel, il refuse de le faire et ira en appel de la décision en cour suprême, disant même qu'il préférerait aller en prison que de payer un sou à sa victime.
Je ne suis pas une femme et n'ai jamais été agressé, mais je crois comprendre que trop souvent, ça se passe comme ça aussi pour les victimes d'agressions sexuelles, on néglige la victime, et on entend que le haut parleur de celui qui voudrait qu'on l'innocente.
Et comme celles qui voient Bill Cosby, Bill O'Reilly, Harvey Weinstein, même Donald Trump, c'est comme un rappel malsain perpétuel de l'ignominie de base.
Ward a été dégueulasse et continue de l'être avec acharnement.
La liberté d'expression n'est pas un jouet gonflable qu'on gonfle et dégonfle n'importe comment. Les juges l'ont aussi dit, la liberté d'expression n'est pas un droit absolu.
Entendre que Mike Ward a été le héros de dimanche dernier, aux galas des Oliviers remis aux humoristes des 12 derniers mois, au Québec, c'est encore une fois monter le son du haut parleur de celui qui se moque d'un enfant handicapé, de ses parents, et du talent qu'il ne lui trouve pas, ni dans l'oreille, ni dans l'oeil et qui a même suggéré sa mort.
Mike Ward n'est pas une victime.
Il a été dégueulasse et refuse de le reconnaître.
Son acharnement confirme un absolu refus de repentir.
Cet humoriste ne fait pas rire.
Il est triste.