La psychologie parait dire que la pensée tend à être un réflexe. Un événement est décodé instantanément et produit une réaction. Si le décodage est incorrect, on réagit mal, et on échoue, d'où dépression.
Pour beaucoup de philosophes, "liberté" signifie "penser juste". Et le moyen pour ce faire est la "critique", au sens où l'emploie Kant. Il me semble que la logique de "critique", qu'il faut entendre au sens positif, est celle que la pensée juste vient de la contradiction. Je vois deux sources de contradiction :
- La contradiction dans sa propre pensée, l'hypocrisie. Par exemple, je suis un écolo, qui passe sa vie dans un avion.
- La dialectique. Hegel observe que la pensée évolue par contradictions. Ce qui amène au procédé pratique suivant : je pense quelque-chose, j'examine la thèse inverse, et cela me donne l'intuition de la "bonne solution". C'est le procédé de la justice.
On entre alors dans un procédé de pensée lent. C'est celui de la justice, ou de la thèse universitaire. C'est le temps de l'enquête, qui demande, avant tout, de collecter de l'information. Et de le faire, jusqu'à ce que l'on arrive à une "conviction".
Penser c'est, d'abord, mettre en cause les certitudes que l'on nous a léguées, pour construire ses, propres, convictions ? C'est ainsi que l'on construit des déclencheurs fiables, qui nous permettent de réagir instantanément à la nouvelle ?
Reprocherais-je au Monde de ne pas avoir fait ce travail ?