Formule lapidaire s’il en est mais qui résume bien ce que je pense sur le sujet maintes fois évoqué sur ce blog de ce qui doit être accepté ou non en matière de société en France - ou en Europe - suite à la poussée de l’islam radical. Le couscous, oui - je pourrais aussi bien dire le hammam, le tajine ou le thé à la menthe - la charia, non, cela veut dire que l’on n’est pas obligé d’accepter toutes les coutumes au motif qu’elles sont d’origine étrangère, que l’on peut accepter et adopter sans problème celles qui sont anodines - sans pignons le thé, merci et un vin rouge avec mon couscous, svp - mais pas celles qui sont en contradiction avec nos valeurs essentielles. Comme disait Bedos dans un vieux sketch : « si les immigrés étaient anthropophages, vous leur donneriez vos gosses à bouffer ? »
Reste à définir ce que sont nos valeurs essentielles.
Leur contour se dessine peu à peu à mesure que la législation française s’enrichit ou se précise pour contrer les volontés expansionnistes, de l’islam en l’occurence. La loi de 2004 sur les signes religieux à l’école en fait partie comme cet arrêt du Conseil d’Etat cité par Le Monde :
Une Marocaine de 32 ans, mariée à un Français et mère de trois enfants nés en France, vient de se voir refuser la nationalité au motif qu’elle “a adopté, au nom d’une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment le principe d’égalité des sexes”.
Pour la première fois en France, le Conseil d’Etat, dans un arrêt du 27 juin, a pris en compte le niveau de pratique religieuse pour se prononcer sur la capacité d’assimilation d’une personne étrangère. Jusqu’à présent, dans la communauté musulmane, seules des personnes jugées proches de mouvements fondamentalistes ou ayant publiquement tenu des propos relevant de l’islam radical se sont vu refuser la nationalité française. (Le Monde, 11-07-2008)
Comme le précise Jules, c’est en vertu de l’article 21 du Code Civil que cet arrêt a été pris :
L’étranger ou apatride qui contracte mariage avec un conjoint de nationalité française peut, après un délai de deux ans à compter du mariage, acquérir la nationalité française par déclaration à condition qu’à la date de cette déclaration la communauté de vie tant affective que matérielle n’ait pas cessé entre les époux et que le conjoint français ait conservé sa nationalité. Le conjoint étranger doit en outre justifier d’une connaissance suffisante, selon sa condition, de la langue française.
[…] Le Gouvernement peut s’opposer par décret en Conseil d’Etat, pour indignité ou défaut d’assimilation, autre que linguistique, à l’acquisition de la nationalité française par le conjoint étranger […]
Cet arrêt est intéressant à plus d’un titre. D’abord, comme le souligne Criticus, il met en avant une notion longtemps décriéé, mais à mon avis importante, l’assimilation. Ensuite il fait du principe d’égalité des sexes une valeur essentielle, supérieure à la liberté religieuse. Une hiérarche des valeurs s’esquisse. On ne peut pas tout admettre ou faire au nom de la liberté religieuse.
Fadéla Amara rappelle très justement que ce n’est pas la longueur du voile qui compte : « Le voile et la burqa, c’est la même chose car tout est question de centimètres de tissus ». Et quelque soit leur longueur tous ces voiles sont à la fois les symboles de l’oppression des femmes et de l’islam intégriste.
Bref, à droite comme à gauche tout le monde se félicite de cette décision et il n’y a guère que quelques gauchistes invétérés pour crier à la discrimination ou au racisme. Hurleraient-ils autant si le refus avait concerné un néo-fasciste italien tueur de communistes ? Sans doute non. Le débat n’est pas sur l’égalité de traitement et sa rupture éventuelle mais en amont sur le système de valeurs qui fonde la nation française. Par ailleurs, comme le rappelle Jules, tout Etat souverain a le droit de fixer les conditions d’accès à sa nationalité : « car si la nationalité est un droit de l’homme, il ne s’agit pas du droit de choisir sa nationalité. Et c’est un attribut de souveraineté que de déterminer les conditions d’acquisition de la nationalité ».
Comme Riposte Laïque, Criticus propose de légiférer pour interdire le port du voile dans les lieux publics et Lomig lance le débat sur un aspect plus philosophique « Quelles limites à la liberté de ceux qui s’opposent à la liberté ? », avec une remarque pertinente sur le niveau de danger (il est évident que l’attitude à avoir vis à vis d’un mouvement extrémiste n’est pas la même selon le danger qu’il représente). Cette question me rappelle une formule de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté »…