Magazine Culture
Ohtis, chez nous, ça fait penser à des ascenseurs. Aux États-Unis, c'est un groupe de country-folk assez atypique, qui existe depuis presque quinze ans et qui ne sort son premier disque qu'en 2019. "Curve of earth" contient seulement huit chansons aux belles mélodies intemporelles pour à peine trente minutes de musique. Il parle essentiellement des problèmes de drogue (notamment sur les formidables "Rehab" et "Junkie Heaven") du leader de Ohtis, Sam Swindon, qui ont valu le retard de démarrage au groupe. Voilà donc un album qui a su se faire attendre et qui a été savamment mûri. Car il faut du temps pour arriver à une telle concision, une telle épure, une telle qualité d'écriture. Cette musique ne serait sans doute pas ce qu'elle est, sans cette longue période de maturation obligée. "Happy people have no stories" comme dirait l'autre. "Curve of earth" est assurément un des albums de folk les plus touchants de l'année. Ohtis, c'est humainement et musicalement une belle remontée, une belle prise de hauteur, un bel ascenseur émotionnel. Une nouvelle confirmation de l'éternelle quête de rédemption artistique.