Vers une plus grande reconnaissance des artistes de la Caraïbe ?
Publié le 07 décembre 2019 par Aicasc
@aica_sc
Aujourd’hui, l’Aica Caraïbe du Sud partage avec vous les grandes lignes d’un article de Zachary Small, Caribbean artists step into the spotlight diffusé par The Art Newspaper
Pour lire l’intégralité et détails de l’article original :
Ebony courtesy Monique Meloche Gallery and the artist
Zachary Small est convaincu que les artistes des Caraïbes et de sa diaspora bénéficient désormais d’un soutien institutionnel sans précédent. Leur percée sur la marché international de l’art depuis longtemps attendue est la conséquence de plusieurs initiatives de recherche dans des fondations américaines de premier plan, soutenues par des budgets de plusieurs millions de dollars qui visent à déstabiliser la vision euro-centrique établie de l’histoire de l’art.
Mais on pourrait faire plus, disent les artistes, et beaucoup ont exprimé leur frustration que la culture des Caraïbes soit souvent englobée sous un parapluie latino-américain, alors que la Caraïbe possède ses propres valeurs et sources d’inspiration originales. La spécificité est importante lorsque l’on parle d’une région composée de 38 états peuplés de 44 millions d’habitants. Désormais de nombreux historiens de l’art commencent à saisir la diversité de chaque île; auparavant, la plupart des recherches se concentraient sur les pays hispaniques et francophones, comme Haïti et Cuba, plutôt que sur les pays anglophones comme la Jamaïque.
Fondation Clément Courtesy de la Fondation
Des initiatives amorcées par des artistes de la Caraïbe comme Alice Yard à Trinidad, Fresh Milk à la Barbade et le New Local Space en Jamaïque ont aussi joué leur rôle et permis aux artistes de penser avec audace au sein de leurs propres communautés. La Fondation Clément en Martinique – classée comme musée par l’auteur de l’article ! – et la National Gallery des Bahamas ont participé à cette émergence. Aux États-Unis, Perez Art Miami Museum valorise la création caribéenne. Il présente actuellement The Other Side of Now : Foresight in Contemporary Caribbean Art (jusqu’au 7 juin 2020), une exposition de 14 artistes conçue par le conservateur associé, María Elena Ortiz, en collaboration avec la spécialiste des études culturelles Marsha Pearce de l’Université des Indes occidentales à Trinidad -et-Tobago. Et cet été, l’institution de Miami a annoncé qu’elle avait reçu un don de 1 million de dollars de la Fondation Andrew W. Mellon pour son nouveau Caribbean Cultural Institute. D’autres musées américains ont suivi l’exemple de Pamm, approfondissant leurs efforts. La liste comprend le Whitney Museum of American Art de New York, le Museum of Modern Art (Moma) et le Solomon R. Guggenheim Museum.
Une nouvelle fondation suisse, la Kulturstiftung Basel H. Geiger, a annoncé que son espace d’exposition permanent à Bâle ouvrira en juin avec une exposition organisée par la Caribbean Art Initiative, un groupe à but non lucratif voué à la promotion de la culture caribéenne dans le monde entier.
« L’un des problèmes avec les Caraïbes, c’est que nous avons tendance à être catalogués », explique Veerle Poupeye, ancien directeur exécutif de la Galerie Nationale de la Jamaïque, qui a participé l’année dernière à la discussion sur les perspectives de l’art contemporain et moderne sur la région au Moma. « Mais il y a des artistes qui ouvrent de nouvelles voies et qui vont dans des directions différentes. Nous devons leur faire de la place et regarder la région avec un esprit ouvert. »
Christopher Cozier, plasticien et codirecteur d’Alice Yard à Trinidad, a vécu ce changement dynamique. Dans les années 1980, il quitte l’île pour étudier l’art aux États-Unis, où il rencontre des figures célèbres comme Leon Golub et Martha Rosler. Il n’y a pas trouvé de nombreuses institutions disposées à affronter des questions telles que la politique identitaire et le post-colonialisme. De retour à Trinidad en 1989, il note que « Les conservateurs commencent à inclure des artistes des Caraïbes dans des manifestations comme la Biennale de São Paulo, la Biennale de La Havane et la Biennale de Santo Domingo et ont ainsi contribué à faire connaître l’art de la région.
Mais le plus grand catalyseur de changement au cours de cette décennie a été la technologie. « Le boom des communications des années 1990 a facilité ma carrière », explique Christopher Cozier. « Avant, les contacts avec un commissaire étaient plus difficiles » Une génération plus tard, dit-il, les artistes des Caraïbes ont trouvé le succès en ligne en utilisant les médias sociaux pour attirer l’attention des conservateurs et collectionneurs internationaux. « Pendant un certain temps, Facebook a été le Forum artistique des Caraïbes », souligne Christopher Cozier.
Les artistes caribéens continuent de se battre pour trouver leur place sur la scène de l’art contemporain « et nous ne contentons plus d’attendre que quelqu’un nous remarque. » dit Patterson