Le responsable de la lutte contre la criminalité de Bó, l'enseigne derrière laquelle NatWest tente de se ré-inventer avec un établissement 100% mobile, évoque, à l'occasion de la conférence MoneyLive 2019, son émerveillement devant la découverte des ressorts de la collaboration entre les néo-banques britanniques dans leur gestion du risque.
Pour Andy Mason, qui a derrière lui une expérience de plus de 10 ans dans des institutions financières historiques, la révélation a constitué un véritable choc : il existe des canaux et forums ouverts entre les nombreuses startups du pays, au sein desquels elles s'échangent librement les informations sur les différents cas qu'elles rencontrent. Un exemple qu'il cite est la manière dont Monzo a permis, grâce à son processus d'entrée en relation, de repérer et démanteler un réseau de trafic d'êtres humains.
La motivation officielle d'une telle transparence, dans laquelle est écartée tout esprit de compétition, est la conviction que le bénéfice pour la société est un enjeu plus important que la bataille entre concurrents. Mais il semble évident que l'efficacité de la maîtrise des risques est également un facteur essentiel : face à la sophistication croissante de la menace, la seule réponse raisonnable est de mettre les forces en commun car, à défaut, les ressources consacrées à la défense représenteraient un poids insupportable.
Et pourtant…, en dépit de son observation directe des méthodes employées et des résultats obtenus, Andy Mason persiste à propager le mythe de jeunes pousses qui placent la priorité sur la conquête de clients au détriment de la gestion des risques et de la conformité réglementaire. Si quelques cas isolés ont pu émerger (et conduire à de sévères rappels à l'ordre), sa généralisation hâtive n'est qu'un paravent destiné à justifier la lourdeur à laquelle, en comparaison, Bó reste contrainte par son lignage.
Ce sont ainsi deux visions radicalement divergentes de la lutte anti-criminalité qui s'opposent : celle du monde moderne, dans laquelle le pragmatisme est roi, la technologie est exploitée à son maximum et la coopération est une seconde nature, contre la tradition, qui repose avant tout sur des procédures et des règles à respecter, même quand personne ne sait plus vraiment pourquoi elles ont été mises en place. La première est non seulement plus performante – ce qui devient de plus en plus visible – mais elle est, en outre, beaucoup mieux optimisée, que ce soit en termes de coûts ou d'adaptabilité.