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Le retour de Ringo

Par Tepepa
1965
Duccio Tessari
Avec : Giuliano Gemma, Fernando Sancho


On prend les mêmes et on ne recommence pas. Sorti à quelques mois d’intervalle d’Un pistolet pour Ringo, Le retour de Ringo n’en est pas la suite, malgré le titre, le casting identique, du réalisateur au compositeur en passant par l’ensemble des acteurs. Il semblerait que le réalisateur est décidé d’utiliser le nom de Ringo tardivement au cours de la production du film, peut-être surpris lui-même par le succès de son premier film. Ringo est un personnage totalement différent, un officier qui perd tout ce qu’il a lors de son retour au pays. C’est ce retour que le titre évoque, et non pas le retour du Ringo rigolo du premier épisode pour de nouvelles aventures. Le retour tragique, thème de centaines de westerns spaghetti, de nombreux westerns américains avant eux, de quelques péplums encore avant jusqu’à la matrice odysséenne originelle, est ici traitée de la façon la plus misérabiliste qui soit. Ringo ne supportant pas le choc de voir sa région sous la coupe mexicaine, sa femme aux mains d’un autre et sa petite fille dans une maison qui n’est plus la sienne sombre dans la dépression, se laisse maltraiter et laisse les autres se faire maltraiter jusqu’à ce qu’un déclic lui fasse reprendre ses esprits et faire ce que tout le monde attend de lui depuis une heure : descendre tous les bandidos !

En attendant, on subit avec délice les affres d’un anti-héros impuissant, son alcoolisme incognito, son passage à tabac, dans une ville désertique et oppressée, battue par un vent « spaghettien » qui semble souffler en continu le désespoir des opprimés, sa mutilation inéluctable et presque volontaire. On regarde médusé Giuliano Gemma être l’ombre de lui-même, plus un sourire, plus un regard pétillant, plus aucune vie dans son allure dépenaillée (Gemma est d'ailleurs au fond un peu fade dans un rôle de looser, on n'y croit pas assez, sans que cela ne nuise trop au film). On assiste avec plaisir à des nœuds familiaux tragiques, de la découverte de sa propre petite fille par le héros à son propre enterrement factice, nappés d’émotions Morriconiennes exquises. Le mariage forcé de la belle Lorella de Luca et sa culpabilité, le retour de Ringo qui retrouve sa maison et son bureau après de nombreuses années, le choc quand sa femme le reconnaît, autant de scènes indispensables pour ce genre de scénario, autant de petites pépites parsemées pendant l’attente jusqu’à ce que cela se débloque, vers 60 minutes.

Et alors au bout de ces 60 minutes, Giuliano Gemma redevient lui-même, grand sourire, grands yeux, performances athlétiques et petite phrase rituelle (« je t’expliquerai »). Les morts commencent alors à pleuvoir, d’abord tranquillement, puis en pagaille, les colts font entendre leur musique rythmée par le gros son de la dynamite. Et en vingt minutes, tous ces gens qui s’étaient observés pendant une heure s’entretuent jusqu’au dernier. Et c’est typiquement là le genre d’extase proprement sadomasochiste que recherchent tous les amoureux du genre : ça virevolte, ça tombe, ça saute, ça flingue. Oh bien sûr, rien n’est parfait : il y a un indien parfaitement ridicule, des cabrioles de Gemma vraiment too much, mais dans l’ensemble la réalisation parfaitement honnête des combats permettra même aux réfractaires au genre de passer un bon moment.

Contrairement à la violence du premier Ringo, Duccio Tessari traite ici les meurtres et la cruauté comme une affaire sérieuse, chaque cadavre ayant son importance. Contrairement à la mort du méchant dans Un pistolet pour Ringo, la mort du méchant dans Le retour de Ringo est théâtralisée à outrance. Ce n’est d’ailleurs plus Fernando Sancho, qui a décidément une tête trop sympathique qui tient le rôle du vrai salaud de service. Contrairement à Un pistolet pour Ringo, rien n’est dédramatisé, aucune ironie distante ne cherche à séparer le spectateur du premier degré du spectacle auquel il assiste. En 1965 et en deux films, Duccio Tessari aura réussi à faire une synthèse de toute la production de westerns italiens des dix ans qui suivront. C’est assez fort et les deux films sont suffisamment réussis pour que l’on achète les deux excellents DVD Seven 7 qui les mettent à la disposition des spectateurs des années 2000.

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