dans une traduction de François Heusbourg.
On peut lire cette note de lecture du livre par Laurent Albarracin.
Le vent a commencé à secouer l'Herbe
Avec des mélodies sinistres et basses —
Il a lancé une Menace à la Terre —
Une autre, au Ciel —
Les Feuilles se sont détachées des Arbres
Et dispersées dans tous les sens —
La Poussière s'est rassemblée comme les Mains
Et a jeté la Route au loin —
Les Chariots ont accéléré dans les rues
Le Tonnerre s'est hâté lentement —
L'Éclair a révélé un Bec jaune
Et puis une Serre livide —
Les Oiseaux ont barricadé leurs Nids —
Le Bétail s'est accroché aux Granges —
Puis est tombée une Goutte d'une Pluie Géante
Et puis comme si les Mains
Qui retenaient les Barrages, avaient lâché prise,
Les Eaux ont fait sombrer le Ciel,
Mais elles ont ignoré la Maison de Mon Père —
Fendant juste un Arbre en quatre —
The Wind begun to rock the Grass
With threatening Tunes and low —
He threw a Menace at the Earth —
Another, at the Sky —
The Leaves unhooked themselves from Trees
And started all abroad —
The Dust did scoop itself like Hands
And throw away the Road —
The Wagons quickened on the streets
The Thunder hurried slow —
The Lightening showed a yellow Beak
And then a livid Claw —
The Birds put up the Bars to Nests —
The Cattle clung to Barns —
Then came one Drop of Giant Rain
And then as if the Hands
That held the Dams, had parted hold,
The Waters wrecked the Sky,
But overlooked My Father's House —
Just quartering a Tree —
C'est l'Aube — petite Fille — n'As-Tu donc
Rien de Prévu Aujourd'hui ?
Ce n'est pas dans tes habitudes, d'être en retard —
Reprends ton travail —
C'est Midi — Ma petite Fille —
Hélas — es-tu encore en train de dormir ?
Le Lys — attend que l'Epouse —
L'Abeille — As-tu oublié ?
Ma petite Fille — C'est la Nuit — Hélas
La Nuit est pour toi ce que
Devrait être le Matin — As-tu entamé
Ton petit Projet de Mourir —
Si je n'ai pu, t'en dissuader, ma Douce,
J'aurais pu — t'aider —
‘Tis Sunrise — little Maid — Hast Thou
No Station in the Day ?
‘Twas not thy wont, to hinder so —
Retrieve thine industry —
‘Tis Noon — My little Maid
Alas — and art thou sleeping yet?
The Lily — waiting to be Wed The Bee —
Hast thou forgot?
My little Maid — ‘Tis Night — Alas
That Night should be to thee
Instead of Morning — Had'st thou broached
Thy little Plan to Die —
Dissuade thee, if I c'd not, Sweet,
I might have aided — thee
La Patience — a une Apparence paisible —
La Patience — Regarde au fond —
C'est la force futile d'un Insecte
Entre deux — Infinis —
Fuyant de l'Un — à l'Autre
S'élançant sans succès —
La Patience — c'est l'effort de Sourire
Au milieu des frissons —
Patience — has a quiet Outer
Patience — Look within —
Is an Insect's futile forces
Infinites — between —
‘Scaping One — against the Other
Fruitlesser to fling
Patience — is the Smile's exertion
Through the quivering —
Emily Dickinson, Un Ciel étranger, traduit de l’anglais (États-Unis) par François Heusbourg, postface de Flora Bonfanti, Editions Unes, 2019, imprimé en typographie, 112 p., 20 €, pp. 12/13, 42/43 et 50/51.
sur le site de l’éditeur :
« Après Nous ne jouons pas sur les tombes (2015), qui présentait un choix de poèmes de l’année 1863 – la plus prolifique de l’auteur – et Ses oiseaux perdus (2017), qui se concentrait sur les 5 dernières années de sa vie (1882-1886), nous éditons aujourd’hui des poèmes écrits en 1864 par Emily Dickinson. Cette année-là, Dickinson, alors en pleine effervescence créatrice (850 poèmes composés entre 1862 et 1865), effectue un séjour long de 7 mois à Boston pour soigner ses yeux, ce qui réduit sa production poétique (98 poèmes recensés). Ce « ciel étranger » est donc celui de la grande ville, où Dickinson se sent comme une migrante, n’y trouvant pas sa place. Trop d’humains sûrement, elle qui préfère la compagnie des esprits, des livres et des lettres à celle trop bruyante des hommes. Quel est ce monde que nous habitons, destinés à en être les passagers, parfois clandestins, souvent anonymes, rarement célestes ? Dickinson s’adresse à ses mythes, aux êtres disparus, aux terres imaginaires. Elle ouvre des passages entre l’immortalité et la poussière, à travers le temps et les douleurs, cherche un endroit où l’écho de sa voix n’est pas la seule réponse. Elle semble invoquer, poème après poème, un compagnon à qui parler, qui ne serait ni un homme ni un dieu. Un soleil qui éclairerait toutes les surfaces de la terre, à rebours de notre nuit, avec tendresse et vérité.
Nous poursuivons avec Un ciel étranger notre édition des poèmes d’Emily Dickinson regroupés par années, ouvrant à une approche plus précise de cette œuvre jamais organisée en recueils, mettant au jour les thématiques constantes, les glissements et les impulsions d’une poète mystérieuse, bouleversante et insaisissable.
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