Personne n'en sait rien, à commencer par le gouvernement ?
- L'analyse des "décodeurs" du Monde est, comme d'habitude, floue. L'idée du "décodage" est méritoire, mais à force de ménager la chèvre et le chou, rien de clair ne sort. En tout cas, il est dit que la réforme est en discussion, et qu'elle ne s'appliquera qu'aux personnes qui prendront leur retraite après 2030.
- Le projet actuel ferait 132 pages...
- La position des syndicats est encore pire que celle du gouvernement : ils sont contre, par principe.
- Les "décodeurs" passent à côté d'un problème essentiel, que souligne Hervé Kabla : c'est le système de répartition. Aujourd'hui les entreprises et les actifs financent les retraités, et le ratio actif / inactif a baissé massivement depuis les années 60. Cela signifie cercle vicieux : plus le ratio augmente plus on prélève sur les salaires et les emplois, et moins il y a d'entreprises et d'emplois, et plus il faut prélever sur ceux qui restent... Les retraites vont-elles cesser faute de combattants ?
- Il ne faut pas parler en moyennes. Par exemple, les femmes touchent, en moyenne, moins que les hommes à la retraite. Mais c'est l'inverse pour l'importante minorité qui touche une pension de réversion. Bref, il y a des femmes qui s'en sortent bien, d'autres mal, et les hommes au milieu (et encore, c'est un raisonnement moyen !) Idem, il y a une différence massive entre certains bénéficiaires de régimes spéciaux, et le reste de la population. Or, ces bénéficiaires ont des conditions de travail qui sont, très souvent, significativement meilleures que celles de l'employé du public (d'autant qu'ils ne connaîtront jamais le licenciement). Cela pose une question de justice sociale. Mais, si on expose le problème dans ces termes, il faut aussi se demander pourquoi les salariés riches touchent tellement plus que ceux qui occupaient leur poste il y a 30 ans.
Indirectement, les "décodeurs" posent aussi la question de la façon dont la réforme est menée. En effet, contrairement à ce que l'on entend, le gouvernement serait plutôt conciliant. Ne serait-il pas plus efficace de choisir la méthode forte ? C'est à dire ramener les prélèvements sur les salaires et les entreprises à un niveau comparable à ce qui se fait ailleurs, et mettre le pays en face du déficit, devenu massif, de son système de retraite ?