Ça se passe en région parisienne, à Grigny, en Essonne, une ville qu’on associe à Amedy Coulibaly, qui y est né, mais dont le maire, natif lui aussi de la ville, organise des actions sociales et/ou culturelles comme cette résidence d’une artiste à laquelle Nejma souhaite participer. Elle va convaincre ses parents, notamment parce que c’est les vacances et que le stage est gratuit. Et c’est là qu’elle va entendre parler de la Tintorette, fille du Tintoret. Dans le cagibi où elle se réfugie pour dessiner ou lire, Nejma va s’identifier à cette jeune fille, très douée, vivant à Venise, au XVIe siècle. Jusqu’à ce qu’elle découvre que le père de la Tintorette refuse qu’elle rejoigne les peintres de la cour du roi d’Espagne. Et la jeune fille épousera le joaillier qu’a choisi pour elle son père. Nejma trouvera dans cette histoire la force de résister à ceux qui disent que la peinture, ce n’est pas un métier, elle qui pense que c’est une façon de vivre. Elle osera continuer à dessiner, peindre, apprendre cet art. Et c’est son pays d’incertitude qui s’éclaire, non pour montrer ce qu’elle doit faire, mais pour qu'elle soit capable de dire ce qu’elle ne veut pas qu’on l’oblige à faire.
C’est une rencontre étonnante entre deux jeunes filles à quelques siècles de distance, et plusieurs signes me renvoient à d’autres ouvrages : celui de Rebecca Lighieri, Éden, sur un autre sujet, mais où une jeune fille trouve comme Nejma refuge dans le cagibi, et celui de Jeanne Benameur, Ceux qui partent, dont l’un des personnages émigrant pour l’Amérique est une jeune femme, peintre.