Voici l'une des raisons qui expliquent pourquoi l'Argentine n'est pas le Barça. L'autre s'appelle Iniesta. Le vrai meilleur joueur de notre époque.
Il est petit, pas très rapide, pas charismatique et quand il a commencé à jouer au foot c'était avec des Hollandais. Ce n'est donc pas Messi et ça n'aide pas à avoir du charisme, d'ailleurs il n'en a pas, ce qui fait pourtant de lui un modèle de sex appeal pour Iniesta et pour Messi. Mais là n'est pas l'important : à une époque où son club formateur lui mettait des Hollandais partout pour lui apprendre à jouer au foot, il a quand même appris à jouer au foot.
Son premier match pro, il ne l'a joué qu'à 18 ans. Tous les prodiges du baby Barça qui jouaient les matches amicaux de poules de Ligue des Champions pourraient le prendre de haut, pourtant aucun n'y pense. C'est peut-être pour ça que Guardiola ne l'a pas fait lui non plus, ou alors c'est parce que Xavi l'a foutu dehors. Mais là n'est toujours pas l'important.
Xavi consultatifXavi a gagné avec tous les entraîneurs. Sans insulte en catalan, il a joué avec Ronaldinho comme avec Rivaldo. Il n'a que rarement marqué les buts, il a fini par laisser Iniesta être le sauveur et n'a donc lui non plus jamais remporté le ballon d'or. Il a fait les mêmes passes à Ibrahimovic que celles qu'il faisait à Eto'o. Il n'a jamais changé de coupe de cheveux. Il n'a sans doute jamais perdu un ballon, et sans être entraîneur, sans même un mot, il a vivement indiqué à Fabregas qu'il serait sans doute meilleur avant-centre, en tout cas qu'il ne serait pas meilleur que lui à son poste.
Voilà le plus important : le Barça et l'Espagne n'ont pas gagné grâce à un style de jeu, ils ont gagné grâce à un joueur qui à lui seul est un style. L'équation est sous nos yeux : le Barça a une défense moyenne, l'Espagne a une défense médiocre, et pourtant les deux ont les meilleures défenses. Faut-il disserter jusqu'au Brésil 2014 pour y voir l'œuvre du plus grand cerveau de l'histoire du foot ? Sa science du déplacement, ses contrôles orientés, sa prise d'information, son jeu de passes courtes et longues, ses dribbles pivotants pour échapper au pressing, personne ne fait ça aussi bien. S'il se trouve que l'Espagne entière n'est pas nourrie aux steaks de clenbutérol, ça en devient même prodigieux.
Avec Xavi, tout est plus facile, surtout quand il fait des petits comme Iniesta ou Busquets. Que devient Busquets au fait ? Comme tous les grands joueurs, il enterrera sa carrière et le succès de ses équipes le même jour. Ca n'empêchera pas les observateurs de continuer à affirmer que si le Barça gagne, c'est grâce à Messi. D'ailleurs ça ne fait que quatre ans qu'il n'a pas remporté la Ligue des champions. C'était en 2015, Xavi n'était pas titulaire en finale. Iniesta non plus. Ah si. En quelle année Xavi a-t-il quitté le Barça ? 2015. Le jury du Ballon d'or est souverain.
Pendant ce temps-là Van Dijk pense à sa mère. A Sammer pardon.