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Ricco bras cassé

Publié le 17 juillet 2008 par Philostrate
Ricco bras cassé   Vous souvenez-vous du film Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze ? Une histoire déjantée dont les protagonistes découvraient par hasard un moyen de se glisser dans le corps de l'acteur le plus fêlé d'Hollywood. Eh bien aujourd'hui, moi, j'aimerais trouver un stratagème pour faire un raid éclair sous le scalp de Riccardo Ricco, palme d'or du dopage du Tour de France 2008.
   Que peut-il bien se passer dans la tête de ces champions de papier qui, comme les papillons de nuit sur une ampoule, s'obstinent à braver un danger contre lequel l'actualité sportive se charge si souvent de les mettre en garde ? Il faut en effet une sacrée dose d'inconscience, c'est un euphémisme, pour jongler avec les fioles et les fléchettes lorsque l'on se sait surveillé par les instances antidopage comme un barbu en djellaba dans un aéroport. "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît" : encore une fois le cyclisme nous rappelle, hélas, que la célèbre maxime de Michel Audiard ne souffre guère d'exceptions…
   Il avait pourtant de l'allure ce héros venu du côté obscur de la Force. Du panache, une (trop) grande gueule, un goût de la provocation guère répandu chez les bonnets de nuit du peloton. Mais malgré ces qualités qui se révèlent autant de défauts et son taux d'hématocrite, "naturellement" stratopshérique, surveillé comme un marin en bordée dans un harem, il a fallu que le "Cobra" joue au plus fin, quitte à se mordre la queue.
   Comment Ricco et ceux qui comme lui s'imaginent encore intouchables peuvent-ils revendiquer l'amour du cyclisme ? En prenant le risque de tuer leur discipline à petit feu, ils ne sont finalement que dans la logique du sport business, où seule la gloire et ses attributs sonnants et trébuchants entrent en ligne de compte. Peu importe le flacon - d'EPO… - pourvu que l'on ait l'ivresse médiatique en se gavant de biffetons. Les Rastignac du sport aux urines douteuses feraient mieux d'écouter le pape, dénonçant pas plus tard qu'aujourd'hui les ravages du matérialisme chez l'homme du XXIe siècle.
   Bon, on peut toujours rêver, Gino "Le Pieux" Bartali ne ferait plus recette de nos jours dans le peloton… Une fois sa peine purgée, il y a peu de chances de croiser Ricco bras cassé en pénitence du côté de Lourdes, de sa grotte et ses eaux aux vertus supposées miraculeuses. Pour rester dans l'actualité, on l'imagine plus volontiers chercher un "second souffle" dans les nappes  phréatiques suspectes entourant nos centrales nucléaires. Histoire de trouver un substitut efficace à l'EPO, indécelable tant que les compteurs Geiger ne s'invitent pas sur les lignes d'arrivée de nos courses cyclistes si mal en point…

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