Roman - 145 pages
Editions Bernard Grasset - mars 2018
En pleine nuit, alors que son amant dort profondément, une femme descend dans la cuisine, se met en tête de préparer un kougloff, et se prend à divaguer et repenser inlassablement à son mari décédé.
Au premier regard est un court roman, le récit d'une nuit d'une femme veuve mais libre, libre de la vie sexuelle qu'elle mène actuellement, libre de repenser les quelques mois de femme mariée qu'elle a vécus avec Ton, libre de ne pas vivre le deuil comme on voudrait le lui suggérer, libre de rester vivre dans cette maison de campagne et d'y inviter d'autres hommes. L'a-t-elle aimé ce Ton ? Ont-ils vécu ensemble assez longtemps ? Pourra-t-elle comprendre pourquoi il est parti ? Le pleure-t-elle comme il le faudrait ou demeure-t-elle en vie et en paix avec son histoire ? Extrait :"Ce que je fais, c’est me lever et descendre l’escalier, pieds nus, dans le noir. Anatole, le berger croisé, m’entend arriver et sait quelle heure il est. Quand j’entre dans la cuisine et y allume la lumière, l’animal est en train de s’étirer les pattes. J’attrape la farine, les œufs, le batteur électrique, le grand et le petit bol, et commence sans hésiter. Je n’ai jamais besoin de réfléchir à ce que je vais faire. Je le sais, c’est tout. Des petits sablés. Un cake aux pommes. Une quiche lorraine.Je peux être reconnaissante à mon mari d’avoir à l’époque installé le four à hauteur de visage. De mon visage. Comme il avait aussi, par galanterie, adapté le plan de travail à ma taille et non à la sienne, qui était, comme les circonstances me l’ont appris, d’un mètre quatre-vingt-quatre." C'est un petit roman avec sa musique particulière, une introspection nocturne, un monologue intérieur qui glisse sur les souvenirs du passé, avec tendresse, humanité, acuité, et les onces de remords dont la narratrice a du mal à démordre, ses blessures présentes. Je pense que je ne garderai pas longtemps le souvenir de cette lecture, mais peut-être m'a-t-il manqué des éléments pour en apprécier toute la complexité.