Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 330

Publié le 01 décembre 2019 par Antropologia

Contingence

J’avais dans la poche le roman de Beckett, Murphy, ses absurdités, ses mots inventés, ses phases incompréhensibles, ses remarques incongrues… Seule la curiosité envers la prochaine obscurité et sa forme permet d’en poursuivre la lecture. C’était bien involontairement ce que je vivais, en le lisant sur le bord d’une autoroute espagnole. Le moteur avait explosé en pleine vitesse, je m’étais rangé sur le côté, non loin d’une bretelle qui conduisait à un garage proche. De là, j’ai pu téléphoner – épreuve supplémentaire – à l’assistance qui, tel un lecteur de Beckett, a trouvé une solution à la cascade de problèmes et de difficultés.  La « grue », l’erreur de localisation – le km 50 et non le 36, les mauvaises interprétations, le froid (relatif), les différents interlocuteurs de l’assistance, toujours très courtois, la visite de membres de la « guardia » charmants mais contrôleurs… autant d’incongruités, souvent imprévisibles. Pourtant, dans l’après-midi la conclusion est enfin arrivée comme une évidence, un taxi de l’assistance m’a ramené chez moi (plus de 300 km). La cause de tous mes maux, l’épave, fut laissée sur place (chez le garagiste) : bien fait ! Je saurai bientôt si Murphy se termine aussi bien, si les personnages arrivent à laisser les causes de leurs malheurs sur le bord de la route.

Bernard Traimond

  1. Marsandit :

24 novembre 2019 à 17:12 (Modifier)

Magnifique rapprochement. Je compatis quand même. Et bravo pour la nouvelle voiture.

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